Depuis plusieurs années, la Distillerie Guy offre ses déchets végétaux et l’anis récupérés après transformation à des agriculteurs du Haut-Doubs. Parmi les bénéficiaires, le GAEC Courtet en profite pour nourrir ses vaches destinées à l’abattoir. Un circuit écologique qui permet à la viande d’obtenir un goût subtile.
Les alambics de la Distillerie Guy tournent à plein régime depuis plusieurs semaines. François Laurent Vitrac, directeur de la distillerie depuis novembre 2020, veut exporter le produit phare, le Pontarlier, au-delà des frontières régionales, vers le Nord et l’Ouest de la France.

Chaque année, pour produire les 600 000 litres du célèbre breuvage du Haut-Doubs, l’établissement amasse 30 tonnes de drèche, résidus de la distillation de l’anis. Pour éviter de jeter ces déchets végétaux, la Distillerie a trouvé une solution : utiliser la drèche pour l’alimentation animale. Un système qui se fait déjà régulièrement pour les céréales et la bière par exemple, mais unique en ce qui concerne l’anis. » Nous avons un agriculteur depuis des années qui récupère ces résidus. Les quantités étant énormes, nous avons créé une relation avec un nouveau partenaire, le Gaec Courtet « , raconte François Laurent Vitrac.
» Les vaches en raffolent «
Chaque mardi et vendredi, Stéphane Courtet et Joris Beuque, associés et basés à la Rivière-Drugeon, viennent chercher la drèche. » C’est une idée que nous avons eu il y a deux ans pour nous diversifier un peu et proposer de la vente directe de viande de qualité. C’est une nourriture uniquement donnée à nos vaches à viande, car c’est interdit pour les laitières. La composition contient de l’amidon, le liquide est très sucré, les vaches en raffolent. Ça donne un goût différent à la viande « , explique Joris Beuque.

Régime stricte, rendement optimal
Après un lancement calme, le confinement a propulsé la vente à des objectifs presque inespérés pour les deux agriculteurs. » Nous vendons environ 300Kg de viande par mois, soit une bête. Leur régime est très stricte : nous donnons de l’herbe, de l’eau et la drèche à nos vaches. Avec cette formule, nous nous sommes rendus compte qu’on augmentait le pourcentage de viande consommable sur la bête », poursuit l’agriculteur. Les résultats sont là : sur les premières bêtes envoyées à l’abattoir pour le vente, le GAEC récupérait environ 48% de viande. Avec cette nouvelle formule, c’est désormais 76%. » A peu de choses près, c’est un chiffre optimal, le reste c’est la carcasse et la graisse animal. » Si la vente s’effectue pour l’instant uniquement sur place ou lors des déplacements des agriculteurs en camionnette, les deux associés pensent à se développer de manière plus importante. » Mais cela à un coût, il faut au moins 24 mois pour qu’une bête soit « consommable » « , conclut Joris Beuque. À l’inverse, François Laurent Vitrac et la Distillerie Guy continueront de donner aux deux fermes leur drèche. » Nous n’avons pas pour le moment assez de matière pour accepter un troisième agriculteur. La prochaine étape, c’est d’aller voir comment nos résidus sont si bien utilisés par nos partenaires ! ».
Martin SAUSSARD