Besançon. Anne Vignot dénonce « l’abandon » du commissariat de police à Planoise

Attendu depuis trois ans, le projet de commissariat à Planoise patine. La récente réponse de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur qui semble ignorer la situation, fait bondir Anne Vignot. La maire de Besançon dénonce « l’abandon » du projet alors que la Préfecture, elle, assure qu’il est toujours en cours.

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croisement de la rue de Champagne et celle des Flandres - Dunkerque 1940 que le futur commissariat doit être implanté.

Tout est prêt pour installer le commissariat de Planoise, au croisement de la rue de Champagne et celle des Flandres – Dunkerque 1940. La Ville de Besançon a réalisé les études de faisabilité pour un montant de 600 000 € et peut aménager l’espace. Les réunions avec la préfecture du Doubs, les services de police du Département et le Secrétariat général pour l’administration du ministère de l’Intérieur (SGAMI) ont débouché sur un projet défini en fonction des besoins. Celui-ci est estimé à près de « 10 millions d’euros », selon la maire écologiste Anne Vignot. Un espace flambant neuf permettant d’alléger le site de la Gare d’Eau saturé, d’accueillir le chenil de la police nationale actuellement hébergé au Fort de Bregille ou encore d’avoir une flotte mobile capable d’intervenir rapidement sur l’ensemble du territoire. Signe que ce second commissariat à Besançon est essentiel pour lutter efficacement contre le narcotrafic et la criminalité en particulier dans le quartier de Planoise, tous les élus locaux partagent la même impatience quant à la réalisation de ce projet.

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Aucune nouvelle pendant « plus d’un an et demi »

Il ne manque plus que les fonds débloqués par l’État pour engager la construction. Le hic est bien là. Alors que les démarches de la Ville ont débuté en 2022, Anne Vignot et son équipe n’ont plus de nouvelles depuis plus d’un an. Après une relance faite par courrier le 1er septembre 2025, la réponse a fait bondir la maire EELV de Besançon, au point d’organiser une conférence de presse symbolique à l’endroit où doit être implanté l’établissement.

Dans sa lettre, l’actuel ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau écrit : « attentif à vos préoccupations, j’ai transmis votre correspondance à Monsieur le directeur général de la police nationale, aux fins d’un examen approprié de votre requête […] Je ne manquerai pas de vous tenir informée de la suite qui pourra être réservée à votre démarche ».  Plus que la formalité de cette réponse, l’ignorance du ministre sur ce dossier exaspère Anne Vignot. « En 2024, lors de sa visite à Planoise, Gérald Darmanin (à l’époque Ministre de l’Intérieur, ndlr) s’engage à réaliser ce commissariat, à accélérer le dossier et financer des caméras supplémentaires à hauteur de 70%. En janvier 2025, je revois M.Darmanin qui est désormais ministre de la Justice, en lui rappelant cette promesse. Il m’assure qu’il en parlera avec M.Retailleau. Aujourd’hui on découvre qu’il ne s’est rien passé et pire, que le ministre actuel n’est au courant de rien. Alors oui, pour moi cela signifie que l’État abandonne ce projet ».

C’est au croisement de la rue de Champagne et celle des Flandres – Dunkerque 1940 que le futur commissariat doit être implanté. Photo DR

En colère, Anne Vignot en profite pour régler ses comptes sur plusieurs dossiers liés à la sécurité. « Nous venons seulement, au mois de septembre 2025, de recevoir les remboursements liés aux dégradations provoquées par les émeutes de juin 2023 ». « Ce remboursement ne couvre que 40% de ce que nous avions demandé », précise Benoît Cypriani, adjoint à la sécurité. Les élus locaux évoquent aussi l’abandon de la Force d’Action Républicaine (FAR) lancée en 2023, dénoncent de « grandes annonces de fermeté et de rapidité » n’étant jamais « suivies des faits ». « On fiche en l’air des années de travail ».

Le projet suit son cours selon la préfecture

De son côté, la Préfecture assure à l’inverse que le projet de commissariat à Planoise suit son cours. Contacté par l’Est Républicain, Rémi Bastille, préfet du Doubs, estime qu’un an après la validation des études « il n’est pas anormal de ne pas avoir encore de décision définitive car cela doit s’inscrire dans la programmation des investissements du ministère de l’Intérieur qui est évidemment chargé ».  Le flou politique dans lequel est plongé l’État français depuis le début du mois d’octobre et les restrictions budgétaires annoncées laissent toutefois peu de doutes quant à une soudaine évolution du projet. La maire de Besançon rappelle toutefois une promesse faite en 2022. « Si nous n’avons pas de moyens pour lutter contre le narco trafic, nous ferons un recours contre l’État. […] Les effectifs de police supplémentaires doivent impérativement être accueillis sereinement ».

Comme un symbole, le long de la rue des Flandres – Dunkerque 1940, la cage d’escalier d’un immeuble laisse un message à ses futurs hypothétiques voisins. « Bienvenue en enfer » est-il inscrit à la bombe de peinture rouge là où en mars 2025, les services de police avaient interpellé trois personnes après la saisie de 2,3 kilos d’héroïne, 2,3 kilos de résine de cannabis, 1,9 kilo de kétamine, 2 300 cachets d’ecstasy, 150 grammes de cocaïne et – plus original à Besançon – 1,3 kilo de 3-MMC.

M.S