Quelle est la situation aujourd’hui dans le Doubs ?
Depuis maintenant trois ans, nous sommes sur un palier haut avec 7500 personnes qui viennent dans nos onze centres fixes et à notre camion qui sillonne le département. Ce qui représente 1 200 000 repas par an. La crise sanitaire que nous venons de vivre n’a finalement pas plus aggravé les choses puisque ce plateau a été atteint avant son début.
Qui sont les bénéficiaires ?
Nous avons tous les types de population qui sont concernées et sollicitent l’aide des Restos. On note néanmoins un accroissement du nombre de bénéficiaires chez les jeunes, qu’ils soient étudiants ou même actifs mais avec des emplois précaires. Les familles monoparentales sont elles aussi de plus en plus touchées.
Le constat est-il le même sur tout le territoire ?
En effet, que l’on se trouve à Besançon, dans les autres villes du Doubs ou à la campagne, les typologies de bénéficiaires sont sensiblement les mêmes. On a évidemment beaucoup de monde dans les deux centres de Besançon, à Planoise et Chalezeule, à Audincourt et à Montbéliard mais c’est logique compte tenu de la population plus nombreuse. On note toutefois dans les zones rurales la présence d’un peu plus de personnes seules et isolées, pas forcément âgées même si elles sont aussi concernées.
Pour ces secteurs, quels moyens avez-vous mis en place ?
Notre camion itinérant se déplace dans la campagne du Doubs depuis 3 ans, à la rencontre des bénéficiaires dans les secteurs d’Arc-et-Senans, Saône, Bouclans, Devecey, Sancey, Saint-Hippolyte, Colombier-Fontaine et Rougemont… C’est indispensable pour pouvoir accompagner des personnes qui sinon ne pourraient ou ne voudraient pas se déplacer dans nos centres fixes.
Qu’a changé l’ouverture toute l’année des Restos ?
C’est vrai que dans les années 80 à l’époque de leur création par Coluche, la campagne d’hiver se limitait à 4 mois. Depuis une quinzaine d’années, c’est 12 mois sur 12, ce qui a engendré une nouvelle organisation avec plus de besoin logistiques et financiers. Mais cette évolution n’a malheureusement fait que répondre aux besoins constatés sur le terrain.
Quelles autres aides peuvent apporter les Restos ?
Nous ne limitons plus en effet à la seule aide alimentaire puisque nous proposons l’intervention de coiffeurs, les Restos bébés, le soutien à la recherche d’emploi, l’accompagnement pour l’accès au droit et à la justice, le conseil budgétaire, le micro-crédit, des sorties culture et loisirs ou encore un coup de pouce pour l’accès à internet afin de lutter contre l’exclusion numérique.
Plus d’aides donc plus de moyens nécessaires ?
En ce qui concerne les bénévoles, heureusement, nous les avons. Ce qui n’empêche pas que nous avons toujours besoin de sang neuf avec des nouveaux qui permettent de diversifier nos profils et d’assurer un renouvellement. Les bénévoles les plus recherchés sont ceux qui accepteraient de prendre des responsabilités. Côté financier, nous faisons plus de manifestations pour recueillir des fonds et notre collecte nationale de denrées alimentaires du mois de mars fonctionne toujours très bien. Par ailleurs, les dons se maintiennent à un bon niveau tant de la part des particuliers que des collectivités et des entreprises.
Comment voyez-vous l’avenir des Restos ?
Le rêve serait évidemment qu’ils ferment. Que nous n’en ayons plus besoin… malheureusement, on sait que ce ne sera pas le cas. Nous continuons donc notre mobilisation, en nous projetant par exemple à 5 ou 10 ans pour savoir comment améliorer notre aide, faire mieux encore avec des idées nouvelles pour que plus de bénéficiaires puissent retrouver leur autonomie.