Haut-Doubs. L’État soutient la filière bois-forêt face aux difficultés

Le changement climatique et la crise du scolyte entraînent des pertes sur la qualité du bois. Le préfet du Doubs Rémi Bastille s’est rendu à Frasne et Labergement-Sainte-Marie pour évoquer avec les acteurs de la filière les difficultés et rappeler les différentes aides mises en place par l’État.

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Le préfet Rémi Bastille a rencontré les différents acteurs de la filière bois-forêt
Le préfet Rémi Bastille (à gauche) a rencontré les différents acteurs de la filière bois-forêt ©Cassandra Tempesta

« La filière est bousculée, la forêt sous tension, face aux tempêtes, sécheresses, scolyte. On a du bois dépérissant, il y a une nécessité de s’adapter. Dans un rayon de 15 km, depuis 1996, 13 scieries ont disparu ». Par ces mots, Étienne Renaud, directeur de la scierie Renaud à Labergement-Sainte-Marie, échange avec le préfet Rémi Bastille. Le 25 avril, ce dernier s’est déplacé à Frasne et à Labergement-Sainte-Marie pour discuter avec les différents acteurs de la filière bois-forêt, une filière qui rencontre plusieurs difficultés notamment liées au changement climatique et à la crise du scolyte. 

13 millions d’euros d’aides pour les systèmes constructifs bois

Étienne Renaud a évoqué l’importance d’identifier le plus rapidement possible un bois scolyté pour « l’exploiter et le scier vite afin qu’il puisse être valorisé. Sa qualité va se détériorer rapidement ». Une identification qui s’avère difficile, au vu de l’envahissement du scolyte.

Le dirigeant de l’entreprise a engagé plusieurs investissements pour s’adapter à ces nouveaux enjeux et a pu compter, comme d’autres scieries, sur le soutien de l’État. En 2024, l’Agence de la transition écologique (ADEME) a versé 12,9M€ d’aides pour ces structures, pour un montant des investissements des projets lauréats, au nombre de six, à 53,5M€, soit un taux de participation de 24%. 

3 millions d’euros pour les exploitations forestières

Quelques heures auparavant sa visite à la scierie Renaud, le préfet du Doubs s’est rendu dans un chantier de reboisement à Frasne. De nombreux représentants de la filière bois-forêt étaient présents : l’Office National des Forêts (ONF), la coopérative forestière CoForêt, les communes forestières du Doubs, FiBois etc. L’occasion d’évoquer les deux programmes d’aides : France 2030 et France Nation Verte. « Sans ces deux programmes, on aurait du bois sec », souligne Stéphane Pouchoulou pour Coforêt. L’occasion d’évoquer également l’enjeu du renouvellement des arbres, des coupes d’urgence ayant dû être pratiquées. L’ADEME a injecté 826 906€ pour aider les propriétaires forestiers publics et privés à améliorer, enrichir ou renouveler leurs forêts. 2,9 millions d’euros ont été distribués aux exploitations et sylvicultures pour les accompagner dans leur modernisation au travers d’investissements dans des équipements performants, tant au niveau économique, social, qu’environnemental.

Vers une approche collective pour les communes forestières ?

« La forêt souffre, les communes aussi. Plus de 100 communes du Doubs en dépendent. Réussir un plan de renouvellement suppose pour les communes une capacité à financer. L’État se mobilise depuis la crise sanitaire, c’est toujours mieux que rien, mais les maires se retrouvent démunis face à cette crise et ils doivent faire des choix difficiles, pas forcément compris des habitants qui mettent la main à la poche », alerte de son côté Dominique Maillot, vice-président délégué des communes forestières du Doubs. Pour Rémi Bastille, « on a besoin d’une approche plus collective. Il y a des communes qui se retrouvent avec des pics de recettes lorsqu’il faut couper à cause du scolyte. Mais lorsque l’ONF demande de ne pas couper, les recettes sont en recul. Il n’est pas impossible d’imaginer une approche collective pour lisser tout ça ».