Depuis de nombreuses années, la ville de Besançon développe ses énergies renouvelables autour de la biomasse et du solaire. « Aujourd’hui marque une nouvelle étape dans notre avancée en matière d’énergies renouvelables », introduit Anne Vignot, maire de Besançon. Développer la géothermie, donc exploiter l’énergie contenue dans le sol, était l’un des projets phares du mandat d’Anne Vignot. Opérationnel depuis le mois de juin, le projet initié place Granvelle a été inauguré ce vendredi 20 juin en présence de la maire, des élues et des partenaires impliqués. Il permet de couvrir 50 % des besoins en chauffage de trois bâtiments municipaux : le Kursaal, le Musée du Temps et le Théâtre Ledoux. « Ces trois bâtiments sont parmi les vingt plus gros consommateurs d’énergie de la ville », souligne la maire. Le coût de cette opération (études et travaux) s’élève à 900 000 € TTC.
Des travaux permettant des fouilles archéologiques
Prévu dans le plan « Besançon agit pour le Climat », le projet a fait l’objet, dès 2021, d’études hydrogéologiques pour en vérifier la faisabilité et le potentiel du sous-sol : « Pendant un an et demi nous avons surveillé l’évolution du niveau de la nappe à l’aide de piézomètres », précise Anthony Joly, directeur de la maîtrise de l’énergie pour la ville de Besançon. Après les forages réalisés en 2024, les tranchées et la pose des réseaux ont été effectués de janvier à mars 2025 pour garantir une mise en service cet été. Les travaux de tranchées ont aussi permis, selon les élus, de mettre au jour des vestiges des époques moderne et contemporaine. Notamment les traces des annexes du Palais Granvelle et les vestiges du quartier d’habitation construit entre les XVIIIe et XIXe siècle : « Nous sommes l’une des villes qui se connaît le mieux sur le plan archéologique », se félicite la maire.

Utiliser la nappe alluviale du Doubs
Quatre puits – deux pour le pompage et deux pour renvoyer l’eau – ont été creusés pour atteindre la nappe alluviale du Doubs, située entre 8 et 10 mètres de profondeur. L’objectif n’est pas d’utiliser directement l’eau pour chauffer, mais d’en capter les calories avant de la réinjecter refroidie dans la nappe. La pompe à chaleur, située dans l’enceinte du Kursaal, va se servir de ces calories afin de chauffer de l’eau entre 40 et 50 degrés pour ensuite la redistribuer sur les trois bâtiments. Les quatre puits sont « réversibles », donc capables d’effectuer l’action contraire (pomper ou renvoyer l’eau) afin d’éviter les variations thermiques de la nappe. Mais la grande particularité de ce dispositif est qu’il permet, en été, de rafraîchir les bâtiments grâce à la fraîcheur naturelle de l’eau de la nappe.

En conclusion : les 500 MWh/an produits par la pompe à chaleur géothermique couvrent 50% de la consommation totale des trois bâtiments, divisant ainsi par deux leur consommation de gaz. Le système nécessite 100 MWh/an d’électricité « elle-même 100% d’origine renouvelable », souligne la maire de Besançon. Financièrement, les comptes sont bons pour la ville qui devrait économiser près de 43 000 €/an de gaz. D’autres projets de ce type devraient se déployer sur Besançon : « Nous avons identifié entre quatre et cinq sites potentiels pour des projets similaires dans la boucle. Nous avons d’ailleurs lancé les études pour équiper la Grande Bibliothèque » indique Anaïck Chauvet, élue en charge de la transition énergétique.