C’est une des découvertes récentes les plus remarquables. Peut-être même, la découverte du siècle pour Besançon ! Le 15 novembre 2023, en fin de matinée, des agents mirent au jour dans le grenier de la bibliothèque une pile de lettres. Jugées « scabreuses« , elles avaient été conservées à l’abri des regards. Elles sont aujourd’hui révélées au grand public.

116 lettres érotiques
Envoyées entre novembre 1872 et avril 1873, peu après la Commune de Paris (1871), ces lettres apportent un éclairage nouveau sur Gustave Courbet (1819-1877). Né à Ornans en 1819, cet artiste est notamment célèbre pour L’Origine du monde et ses représentations de la vallée de la Loue. Aujourd’hui, ses tableaux sont conservés aux quatre coins du monde. Au total, ce sont 116 lettres qui furent retrouvées, 25 de lui et 91 de Mathilde Carly de Svazzema. Pendant quelques mois, ils furent « deux amants de papier », selon les mots employés par Juliette Sorlin. Et le contenu de leurs lettres est, au moins érotique, voire pornographique.
Grâce à une petite loupe, vous pourrez lire (ou pas) les passages les plus coquins (certains sont très passionnés !). 36 lettres ont été choisies pour cette exposition. « On a sélectionné les passages les plus révélateurs de son état d’esprit », explique un agent de la bibliothèque. Au fil des lettres, on y découvre un Gustave Courbet sans tabou !

« Événement international »
« C’est une correspondance amoureuse dans laquelle il laisse libre cours à ses fantasmes sexuels les plus débridés. […] Courbet témoigne aussi de sa sensibilité d’artiste. Il y décrit certains passages à la manière d’un peintre. […] Et l’une de ses descriptions nous fait irrésistiblement penser à son tableau le plus connu », souligne Juliette Sorlin, conseillère municipale déléguée en charge des bibliothèques.
Pour Anne Vignot, maire de Besançon, cette découverte est un « événement international« . Et pour cause, « Parmi les plus de 600 lettres connues de Courbet, aucune ne traitait de sa vie amoureuse, et encore moins sexuelle », confirme Juliette Sorlin. Henry Ferreira-Lopes, directeur de la bibliothèque et des archives, ajoute ; « Ce qui est exposé est absolument unique, parce que normalement, ces lettres auraient dû être brûlées », pour préserver la mémoire de l’artiste.
« C’est une correspondance amoureuse dans laquelle il laisse libre cours à ses fantasmes sexuels les plus débridés », Juliette Sorlin.
Après de multiples vicissitudes à découvrir en parcourant l’exposition, l’histoire se termine mal entre les deux correspondants qui, jamais ne se rencontrèrent. « Probablement qu’elle [Mathilde Carly de Svazzema] cherchait auprès de Courbet à [lui] soutirer de l’argent« , poursuit-il. Gustave Courbet réussit toutefois à récupérer les lettres (moins quelques-unes du début de la correspondance). Elles finirent dans les collections de la bibliothèque de Besançon pour notre plus grand plaisir. Ces lettres seront publiées à la fin du mois chez Gallimard. Des visites guidées sont organisées !
Informations pratiques : Du 21 mars au 21 septembre 2025 à la bibliothèque d’étude et de conservation (1, rue de la Bibliothèque 25000 Besançon). Du lundi au samedi de 14h00 à 18h00. Fermé le dimanche et les jours fériés. Gratuit. Inscription recommandée.