Réussir à faire abstraction du contexte extra-sportif pour se concentrer pleinement sur la compétition est l’une des marques des grands champions. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’équipe de France féminine de biathlon y parvient à la perfection depuis plusieurs années.
Départ en fanfare en Suède
La Coupe du monde 2025-2026 a parfaitement débuté pour les Bleues à Östersund (Suède), fin novembre. Deux premières courses collectives — le relais féminin et le relais mixte — et deux premiers succès tricolores. Lou Jeanmonnot-Laurent, fidèle à ses standards, y prend une large part de responsabilité avec une moyenne de 90 % de réussite au tir sur ces deux courses, avant une 4e place frustrante sur l’individuel, juste derrière Camille Bened.
La pression s’est révélée plus difficile à gérer pour la biathlète du Haut-Doubs sur le sprint (11e) et la poursuite (16e). Après un début en fanfare, le bilan de cette semaine suédoise apparaît finalement mitigé. Cinq jours plus tard en Autriche, Lou Jeanmonnot-Laurent se pose bien moins de questions. Un sprint conquérant, un tir parfait et une victoire solide à Hochfilzen, le 12 décembre, lui permettent d’évacuer les doutes. À l’issue de la course, la biathlète revient sur les leçons tirées en Suède : « À Östersund, j’étais trop dans la réflexion, à penser à l’après, au résultat, aux points gagnés. Aujourd’hui, je me suis davantage détachée en me concentrant sur des aspects techniques et sur mes sensations », explique-t-elle au micro de L’Équipe TV.
Un soutien important à Justine Braisaz-Bouchet
La Haut-Doubienne évoque également ses objectifs prioritaires, notamment Le Grand-Bornand (du 18 au 21 décembre, ndlr), où Lou Jeanmonnot-Laurent a « vraiment à cœur, pour une fois, de performer ». La biathlète était passée à côté de cette étape la saison passée, ce qui lui avait coûté cher au classement final. À l’inverse, sa compatriote et amie Justine Braisaz-Bouchet avait remporté le sprint lors de cette troisième manche de Coupe du monde.
C’est précisément le soutien inattendu, face caméra, de Lou Jeanmonnot-Laurent à Justine Braisaz-Bouchet qui a fait le tour des médias pendant une semaine. Interrogée sur le retour de Julia Simon — sanctionnée par la Fédération à la suite de sa condamnation pour fraude à la carte bancaire et vol envers Justine Braisaz-Bouchet — au sein de l’équipe de France féminine, la biathlète originaire du Haut-Doubs a livré ses sentiments avec une grande franchise : « On est habituées à ça depuis trois ans. Là où je suis profondément déçue, c’est pour Justine : elle paye beaucoup trop cher quelque chose dont elle a été victime. La semaine dernière, elle a reçu des menaces de mort à l’encontre de sa fille et ça me dégoûte. Ce n’est pas normal que cela ait pris une telle ampleur. […] Être témoin de tout ça, c’est dur ; on se sent impuissante face à la cruauté humaine. […] Ce n’est pas comme ça que j’aurais voulu vivre ma carrière d’athlète en équipe de France A. […] Je fais de mon mieux pour soutenir Justine, qui est une personne en or et mérite tout l’amour du monde. »
Alors que les excellents résultats sportifs masquaient jusqu’ici une ambiance pesante, cette sortie médiatique lève le voile sur une gestion « en interne », selon les mots de Stéphane Bouthiaux, le responsable du biathlon français, loin d’être simple et totalement réglée.
C’est dans ce contexte que Lou Jeanmonnot-Laurent aborde l’étape du Grand-Bornand ce jeudi 18 décembre, aux côtés de Justine Braisaz-Bouchet et de Julia Simon. Troisième au classement général de la Coupe du monde à l’issue de la manche autrichienne, la Française pourrait reprendre la tête avec un week-end sportivement solide. Il faudra pour cela continuer, encore et toujours, à faire abstraction des doutes et des préoccupations extra-sportives.































