La crise agricole sans précédent vécue depuis plus d’un an par la filière, les multiples actions coups de poing menées principalement par la Coordination Rurale (CR) couplées à la crise institutionnelle française, offraient à ces élections agricoles une envergure des plus importantes. Un certain suspense entourait également le résultat des urnes, à commencer par celui de la chambre interdépartementale d’Agriculture du Doubs et du Territoire de Belfort. Le scénario a finalement très peu changé par rapport à 2019.
Un taux de participation de 50,41%
D’abord, le taux participation sur le collège n°1, celui des chefs d’exploitation et assimilés, reste sensiblement similaire à 2019 : 50,41% contre 53,20% six ans plus tôt. Le nombre de votants baisse encore avec 49,24 % des suffrages valablement exprimés, soit 1854 voix sur 3765 électeurs inscrits. « Je ne crois pas que ce soit spécifique aux élections agricoles et puis, si l’on se compare aux autres chambres consulaires comme la CCI où le taux de participation aux dernières élections était autour de 5% je crois, on peut se satisfaire de la mobilisation des paysans », confie Florent Dornier, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Doubs et tête de la liste commune présentée avec les Jeunes Agriculteurs (JA). « Il y a une tendance similaire pour toutes les autres élections nationales », appuie Nicolas Bongay, président de la Coordination Rurale dans le Doubs (CR25) et également tête de liste. « Un tel niveau de participation reste inquiétant. En regroupant tous les votes des trois syndicats, on peine à être représentatif de la totalité du monde paysan », souligne de son côté Nicolas Lecatre, secrétaire de la Confédération Paysanne dans le Doubs et tête de liste du syndicat pour ces élections agricoles.
Malgré un net recul de la coalition JA-FNSEA au niveau national, qui perd 17 chambres départementales dont quinze au profit de la Coordination Rurale, dans le Doubs, la liste menée par le duo Florent Dornier (FDSEA25) et Mélanie Gruet (JA25) conserve un solide ancrage. « On est plutôt fier, vu le contexte. Avec 61,33%, on est l’un des meilleurs scores en France. On ne recule pas, on maintient notre nombre de sièges. On a gagné le droit de se battre pour notre agriculture », analyse Florent Dornier. Outre les 18 sièges récoltés sur le premier collège, la coalition des deux syndicats majoritaires remporte également tous les autres scrutins où elle a déposé une liste.
Du côté de la CR25, si la progression du syndicat n’a pas permis de modifier le résultat final, Nicolas Bongay savoure cette évolution. « On gagne plus de 100 voix sur le premier collège par rapport à 2019 et un siège supplémentaire. On a également plus que doublé le nombre de nos adhérents par rapport à l’année passée (près d’une cinquantaine aujourd’hui, ndlr). On progresse et le monde paysan a vu que nous étions prêts à défendre la filière. Pour moi, la chambre d’agriculture 25 – 90 est une découverte. Nos prédécesseurs restent déçus de son fonctionnement, j’espère avoir un sentiment différent », confie l’agriculteur, élu pour la première fois comme Nicolas Lecatre, seul membre de la Confédération Paysanne à faire partie du collège n°1. « Je suis mitigé sur ces résultats », confie ce dernier. « On recule sur le département mais on progresse au niveau national. Notre ligne était claire, avec un programme construit sur des revendications locales pour traiter les sujets de fond, sans entrer dans le tapage médiatique qui a donné lieu à des dégradations et propositions simplistes des autres formations. Je pense qu’on paye cette absence de communication ou de représentation dans les médias. C’est là-dessus qu’il faut travailler à l’avenir, pour mieux faire passer nos messages ».
Élus pour six ans, les nouveaux membres de la chambre interdépartementale 25 – 90 désigneront leur président à l’occasion de la première séance prévue ce 18 février. Comme en 2019, la liste JA – FDSEA arrivée en tête devrait réélire Philippe Monnet pour un nouveau mandat.
