Qui, à 77 ans, penserait encore pouvoir devenir champion du monde ? William Triolet et son infatigable coup de pédale l’ont fait ! Le 1er septembre dernier au Danemark, à plus de 1 000 km de son village de Devecey, le doubiste décroche le titre de champion du monde Gran Fondo des plus de 70 ans. S’il collectionne les victoires, là « c’est le Graal complet ! », confie le cycliste.
C’est en Lozère, sa région natale, que William Triolet se lance dans le vélo à 18 ans. Conscient de ses aptitudes, il transforme rapidement cette passion en une véritable vocation. Il consacre sa jeunesse à courir au plus haut niveau amateur pour le CSM Persant BIC. « J’ai couru par passion. À l’époque on ne gagnait pas sa vie en faisant du vélo », dit-il. Le grimpeur met fin à sa carrière de cycliste à 32 ans afin de se concentrer sur sa vie professionnelle. Il migre dans en Franche-Comté lorsqu’il obtient un poste de concessionnaire automobile à Besançon. « J’ai toujours continué à en faire le vélo, c’était plus fort que moi. », déclare-t-il. Après une vie professionnelle remplie, il part en retraite à 64 ans. Il ressent un vide et, comme une évidence, reprend son vélo : « petit à petit j’ai retrouvé un bon coup de pédale », se souvient-il. « J’avais besoin de me fixer des objectifs, c’est mon mode de fonctionnement ». Il reprend la compétition et impressionne rapidement de nouveau. Il met du cœur à l’ouvrage dans son club du TGV (Team Geneuille Vélo) : « je m’entraîne 3 à 5 fois par semaine. », dit-il.
Dix mois d’arrêt en 2022, champion du monde deux ans plus tard
En 2022, alors qu’il rentre d’une séance, il glisse sur des pavés. Un coup d’arrêt brutal : double fracture au bassin et une fêlure au ménisque. Ce malheureux accident l’éloigne de son vélo plus de 10 mois. Néanmoins pour William, pas question d’abandonner : « je ne voulais pas que ça se termine ainsi », affirme-t-il. En début d’année, alors qu’il prévoit de s’inscrire à l’Ardéchoise, déjà remportée à cinq reprises, il fait une découverte. L’un des supports d’épreuve sert au championnat d’Europe Gran Fondo de l’UCI (Union Cycliste International). Au culot il s’inscrit : « je n’ai prévenu personne, même mon épouse. » Il devient champion d’Europe de septuagénaire en juin et reçoit, par courrier, une sélection de l’UCI pour participer au championnat du Monde. Il a peu de temps pour se préparer, mais tente le coup. Le 1er septembre, au Danemark, il remporte le titre mondial au sprint final après 113 km à 37 km/h de moyenne. Rien que ça. « Il a la science de la course, c’est un grand stratège. Il analyse et lors de la dernière demi-heure, il fait son show ! », loue Didier Marinesse, ami et fondateur du club TGV.
Il n’aurait même pas osé en rêver : « je ne peux plus vraiment espérer mieux », dit-il en souriant. Il fait la fierté de son club bisontin « c’est une source d’inspiration pour tout le monde, notamment les plus jeunes avec qui il s’entraîne. », déclare Didier Marinesse. Pour William Triolet, la boucle est bouclée. Il participera encore à quelques courses régionales en 2025, l’occasion de porter fièrement son maillot arc-en-ciel de champion du monde, mais il est repu. Passionné de moto et de voyages, il prévoit de réduire son activité cycliste : « J’ai tout de même conscience de mon âge ! »
H.S