Alors que la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) déchire le monde agricole (voir dossier de la semaine), l’État mène l’enquête pour comprendre comment le virus, jusqu’ici contenu à Écleux et Chamblay (Jura), a pu se retrouver à Pouilley-Français, dans le Doubs, alors que tout semblait sous contrôle et que le protocole sanitaire en vigueur « fonctionne », selon les gestionnaires de la crise. L’enquête en cours, destinée à déterminer les raisons de cet échec, cherche à identifier les personnes ou comportements « irresponsables », au moment même où la tension atteint son comble entre les défenseurs et les opposants du protocole appliqué. Ce qui n’apaise en rien la situation — bien au contraire.
Cette enquête, aussi nécessaire et efficace soit-elle, a d’abord révélé la présence de quatre bovins contaminés par la DNC sur l’exploitation de la famille Lhomme. De quoi pousser certains agriculteurs, sur les réseaux sociaux, à affirmer que les exploitants de Pouilley-Français auraient dérogé aux règles imposées, sans la moindre preuve. Jeter en pâture une famille déjà en souffrance, sur la base de rumeurs infondées — jusqu’à preuve du contraire —, est-ce responsable ? C’est d’autant plus problématique lorsqu’une insinuation similaire émane d’une personne officielle. « Vous me demandez s’il est possible qu’un éleveur ait volontairement caché des nodules sur quatre bovins, ces mêmes nodules que des personnes extérieures à l’élevage ont constaté spontanément en fin d’après-midi, presque dans l’obscurité… », répond Olivier Debaere, directeur de crise au ministère de l’Agriculture, à l’une des questions posées lundi 8 décembre lors d’une réunion publique. Après un silence, il ajoute : « Je ne peux pas faire un procès à la famille Lhomme, je ne peux pas. Ils expriment leur bonne foi. Je ne pense rien, j’écoute. Mais il y a quinze minutes, quelqu’un dans cette salle a dit que c’était possible… Ce n’est pas moi qui le dis. Franchement, je ne sais pas. »
Une longue réponse, qui aura surtout contribué à forger l’opinion des personnes présentes dans la salle, dont une majorité appartenait ou était proche du syndicat agricole majoritaire, la FDSEA, alignée sur la position actuelle de l’État.
































