Édito. Le deuil d’un musée

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Les enseignants l’aimaient pour son aspect pédagogique. Les visiteurs se laissaient surprendre par sa dureté. Riche de ces caractéristiques, le musée de la Résistance et de la Déportation attira en 2019 près de 56 200 personnes (contre environ 36 500 visiteurs pour le musée comtois). Un chiffre relativement important sur les 200 000 à 300 000 personnes qui fréquentent chaque année la Citadelle (surtout pour le muséum), notamment à l’aune du thème très précis de ce musée. Il fonctionnait donc, mais son succès ne pouvait pas le sauver.

Interrogée, Aurélie Cousin, chargée de collections au musée, reconnaît : « On pouvait déambuler dans un livre d’histoire. On sait qu’on doit faire le deuil de certaines choses puisque ce musée évolue aussi avec la société. Il évolue avec son temps, avec les nouveaux publics, avec les nouveaux visiteurs ». Mais de quels publics parle-t-on ? Est-ce celui qui, pour 25% des Français de moins de 38 ans, n’a jamais entendu parler de la Shoah – alors que la Seconde Guerre mondiale est bel et bien enseignée (cf. sondage Schoen Consulting réalisé en 2019) ?

Reconnaissons toutefois que la muséographie était vieillissante, les techniques de conservation d’un autre temps et les documents dans les réserves toujours plus nombreux. Souhaitons cependant que les contenus du musée ne seront pas tirés vers le bas, le discours violent lissé, alors que la soif d’apprendre en anime plus d’un.

Une chose est néanmoins certaine, il va falloir faire le deuil d’un musée de référence. Espérons qu’il le restera.