Suisse. La dénonciation, sport national suisse ?

Nos voisins en sont bien conscients : tout le monde se surveille, et les Suisses disent eux-mêmes que derrière chaque personne se cache un policier.

317
La dénonciation entre voisins figure en bonne place du palmarès national.

Qu’est-ce qu’un dénonciateur ? Celui qui est lésé par une infraction, qui en informe la police mais qui ne veut pas déposer plainte ou alors qui constate une infraction et en informe la police pour la faire cesser ou encore celui qui appelle le 117 pour signaler qu’un accident vient de se produire ? Dans ce dernier cas, on a plutôt tendance à parler de civisme comme quand un accident se déroule sur la voie publique ou encore qu’un cambriolage est en cours. Ici, la démarche est quasi systématiquement signée.

Oui mais voilà, en Suisse, la pratique va plus loin… cela peut aller de la dénonciation d’un parcage hors case à celui d’un excès de vitesse ou d’un dépassement hasardeux constaté par un usager vigilant. On entre là dans les cas où le bon citoyen laisse place au corbeau anonyme.

En 2002 déjà, un député libéral au Grand Conseil genevois déposait une motion demandant que l’Etat ne donne pas suite aux dénonciations anonymes. Preuve que la question était déjà prise au sérieux, l’élu citait pour étayer son propos le premier vers du Chant des Partisans, l’hymne de la Résistance française « ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines » faisant justement allusion aux dénonciateurs.

Mais visiblement, plus de 20 ans après, la pratique parfois jugée honteuse n’a pas disparu comme en témoigne une ressortissante française devenue suisse. Elle a eu le malheur de s’engager sur une route de montagne fermée à la circulation. Là, elle croise deux cyclistes qui la prennent en photos et la dénonce. Convoquée par la police et bien entendu verbalisée, elle n’a pas manqué de signaler que si ces gens ont pu la voir là, c’est parce qu’ils y étaient aussi, en infraction également. Comment dit-on déjà ? Tel est pris qui croyait prendre…