Devant le succès rencontré au Foyer Jeunes Travailleurs des Oiseaux, le Collectif Histoire des Chaprais une deuxième séance s’est déroulée mardi dernier à la salle Proudhon.
Si Emmanuel Lipmann crée son entreprise en 1867 à l’emplacement actuel du passage Pasteur en centre-ville, 35 ans plus tard, faute de place, il investit dans des locaux rue des Chalets. Après 17 agrandissements successifs en 60 ans et toujours par manque de place, Lip déménagera à Palente en 1960 – 1962. Les explications de Raphaël Faveraux, chargé d’études du patrimoine industriel à la Région, ont permis aux auditeurs de mieux comprendre le début de l’histoire LIP.
Une entreprise d’avant- garde récompensée à maintes reprises
« Quand on parle de LIP, on ne retient que les dernières années de l’entreprise et le conflit social. » rappelle Jean-Claude Goudot, l’un des membres du Collectif « Mais LIP, c’est aussi 95 ans de technologies, d’innovations et de récompenses avant Palente !». Il s’est attaché à exposer trois dates importantes pour la société : 1931 marque l’arrivée à la tête de l’entreprise de Fred Lip, petit-fils du fondateur ; la nuit du 13 au 14 juillet 1942 un attentat est perpétré sur le transformateur de l’usine par Pierre Georges, plus connu pendant la guerre sous le nom de Colonel Fabien ; enfin, en février 1948, Fred Lip demande au conseil municipal de rebaptiser la rue des Chalets rue Ernest Lip, en hommage à son père, mort en déportation qui a œuvré au développement de la marque. « Les habitants, et ils étaient très peu nombreux car il n’y avait pratiquement que des locaux de l’entreprise des 2 côtés » précise J.C. Goudot « ont refusé au motif qu’ils n’avaient pas été consultés avant. Cette rue étant privée, ils ont obtenu gain de cause ».
L’ardoise, les causeries, la demi-journée de sport par semaine et le séjour au ski
D’anciens travailleurs ont émaillé d’anecdotes l’échange qui a suivi cette conférence. « On travaillait 48h par semaine, les conditions n’étaient pas faciles à la sortie de la guerre, mais on était tous fiers de faire partie de cette entreprise », raconte Suzanne Barbier. « On achetait nos outils pour travailler, mais on se les faisait voler parfois. On se déplaçait à pied ou en 2 roues. J’ai acheté mon premier vélo chez Degribaldi et j’étais la voisine de vélo de Charles ». Car Charles Piaget était présent pour partager quelques souvenirs : « après la guerre, c’était vraiment difficile. Il fallait plusieurs mois de salaire pour pouvoir s’acheter un pantalon. On travaillait un quart de temps en plus pour un pouvoir d’achat d’un quart en moins. Fred Lip avait compris qu’il fallait faire quelque chose et, en 1947 les salaires ont augmenté de 11 % ! » s’exclame l’ancien syndicaliste.
Le directeur va mettre en place des mesures : « Il a instauré l’ardoise » reprend Charles Piaget « à l’entrée, il y avait une grande ardoise avec l’inscription des résultats sportifs. Il a créé un journal interne d’information, il a mis en place des causeries : il avait fait installer dans tous les ateliers des haut-parleurs pour donner les progressions horlogères. Une demi-journée par semaine, on ne travaillait pas, on faisait tous du sport et il proposait des séjours au ski ».
Tout s’est arrêté brusquement en 1949 avec l’arrivée d’un nouveau chef du personnel. Michel Morel, Roland Vittot et Jean Janningros se sont joints à leurs anciens camarades pour évoquer leurs souvenirs et regretter aussi la disparition du côté social qui existait.
Certaines personnes du public ayant également travaillé chez LIP ont relaté d’autres souvenirs. Cette conférence, riche d’enseignements, a apporté un éclairage nouveau sur LIP et a contribué à faire connaître la haute technologie et les nombreuses inventions liées à cette marque très connue.