Philippe Koeberlé, écrivain et défenseur de la nature

La rêveuse étranglée sortira mi-mai. Une nouvelle aventure de Séverin Ménigoz, le héros cher à Philippe Koeberlé, à la fois écrivain, fondateur avec son épouse des Editions Coxigrue et avant tout défenseur de l’environnement et en particulier des rivières comtoises où il aime pêcher.

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Qui est donc ce Séverin Ménigoz ?

C’est un homme qui est né et qui a grandi dans le Haut-Doubs. Un homme au passé chaotique et au présent incertain. Après avoir été gendarme, une enquête et des amours contrariés l’ont poussé à quitter la région mais il va finalement y revenir 20 ans après. Au fil des cinq premiers livres, on l’a suivi ici dans la région ou à l’étranger, ce qui a permis aux lecteurs de découvrir son caractère très indépendant, son aversion pour l’injustice et son profond attachement à la nature.

 

Un dernier trait de caractère que vous partagez ?

En effet, tout en exerçant mon métier de médecin anesthésiste réanimateur dont je suis retraité aujourd’hui, j’ai un jour découvert le « nature writing », un genre littéraire où l’on trouve toutes sortes d’histoires mais avec toujours le même fil conducteur, la nature… c’est cela qui un jour m’a donné envie d’écrire mon premier roman, Autopsie d’une truite. C’est aussi ce qui a donné naissance à la maison d’édition Coxigrue qui ne publie que des ouvrages de répondant à cette ligne éditoriale.

 

Quels auteurs vous ont inspiré ?

J’ai bien sûr été inspiré par un auteur franc-comtois comme Pergaud mais aussi par les grands noms qui ont mis la nature au cœur de leurs écrits comme Louis Pergaud, Jean Giono ou Maurice Genevoix, sans oublier les écrivains américains tels que Keith Mac Cafferty dont le héros est un pêcheur à la mouche, John Gierach pour la pêche et Tony Hillerman pour le polar.

 

Ecrire vous permet-il de faire passer des messages ?

Je suis pêcheur depuis mon enfance donc en voyant l’état des rivières aujourd’hui et leur évolution, je ne peux qu’être révolté. Ces livres sont un moyen d’attirer l’attention. J’aimerais que chacun prenne conscience que nous avons la chance de vivre dans une région encore très sauvage et que peut-être il est encore temps de remédier à la catastrophe qui se dessine sous nos yeux. Et ça ne date pas d’hier…je me souviens avoir déjà tiré la sonnette d’alarme via une pétition en 1989 en voyant déjà le Dessoubre atteint par la pollution. Ce n’était malheureusement qu’un début.

 

Comment analysez-vous la situation actuelle des rivières comtoises ?

On continue à faire des études avec finalement toujours les mêmes constats.  Les causes de la pollution ont été recherchées depuis de nombreuses années. Elles sont identifiées, on les connait mais le passage à des actions concrètes est compliqué. Je me souviens des forts épisodes de mortalités piscicoles en 2010 dans la Loue, le Doubs franco-suisse ou encore le Dessoubre. Depuis, comme j’ai coutume de dire, ça bouge mais ça n’avance pas ! On n’observe pas le moindre embryon d’amélioration, à se demander s’il n’y a pas une mauvaise volonté manifeste de la part des décideurs et des responsables. Ont-ils vraiment envie de changer leurs méthodes et leurs façons de faire ?

 

Ces responsables, qui sont-ils ?

La pollution n’est pas due à une seule cause. Il y a bien sûr l’agriculture, personne ne le nie mais elle n’est pas la seule responsable. L’assainissement laisse beaucoup à désirer avec des stations d’épuration qui bien souvent ne remplissent pas leur rôle. Le traitement des bois abattus est un autre problème tout comme l’ensemble des pollutions diffuses que l’on peut observer, y compris celles dues aux comportements des particuliers. Il est encore temps de prendre les choses à bras le corps d’autant plus que le réchauffement climatique vient s’ajouter à tout cela.

 

Un combat que votre héros Séverin Ménigoz mène lui aussi ?

On parlera en effet pollution dans le sixième opus de ses aventures. Il revient en Franche-Comté, dans une vallée perdue où coule une rivière, un lieu dans le Haut-Doubs qui sort en fait de mon imagination, où d’étranges faits se produisent. Il y retrouve son copain, le p’tit Mouge. L’intrigue tourne autour de la disparition de son cousin médecin légiste, d’une rencontre avec une belle inconnue qui vient le contacter… bref, une nouvelle enquête qui va aussi le mener en Suisse voisine et avec d’importantes questions environnementales en toile de fond.