Après huit semaines de vacances, la sonnerie des établissements scolaires retentit à nouveau pour des milliers d’élèves. Sur l’ensemble de l’académie de Besançon, ils sont toutefois 2709 écoliers et étudiants en moins à faire leur rentrée. Une baisse des effectifs ressentie en grande partie dans le Doubs et qui se poursuit année après année.
Au niveau du 1er degré, l’école maternelle et primaire, 48 222 enfants sont inscrits pour cette rentrée 2025. Ils sont 26 210 à retourner dans les différents collèges du département, 17 320 lycéens et plus de 2500 étudiants à avoir choisi un cursus post-bac à l’intérieur des établissements gérés par l’Académie, comme le brevet de technicien supérieur (BTS). Les établissements privés sous contrat, en particulier l’enseignement catholique (lire ci-contre) représentent un peu plus de 10% des effectifs. « Au niveau de l’Académie de Besançon, nous sommes en-dessous de la moyenne nationale », glisse Samuel Rouzet, directeur académique des services de l’Éducation nationale (DASEN).
Une moyenne d’élèves par classe contestée
Pour l’intéressé, cette rentrée scolaire est d’abord celle d’un « maintien des moyens » pour permettre à l’enseignement dans le Doubs de répondre aux attentes nationales. Cette année en Franche-Comté, 32 postes ont été supprimés dans le 1er degré et 9 autres dans le second. En parallèle, un poste de conseiller principal d’éducation (CPE) et neuf postes d’assistants d’éducation ont été créés. « Nous avons eu beaucoup d’élèves en moins les années précédentes et pourtant cette fois, le retrait de moyens est bien moins important. On aurait dû avoir encore moins. En baissant nos chiffres de moyennes d’encadrement, je crois que nous sommes arrivés à des moyennes plutôt favorables. Dans le 1er degré public, on est à peu près à 20,9 élèves par classe », poursuit le DASEN.
Une moyenne « faussée » pour les syndicats, où se mélangent tous les types d’encadrement. « Les zones d’éducation prioritaire renforcées ont des classes avec une douzaine d’élèves donc forcément, la moyenne baisse si l’on prend en compte ces zones », dénonce Marjorie Breney, enseignante et représente syndicale FSU-SNUIPP dans le Doubs. « Je ne connais aucun collègue qui se dit « chouette je vais débuter l’année avec 20 élèves ». La plupart sont à 24, 25 ou 26 et 26 élèves aujourd’hui, ce ne sont pas 26 élèves d’il y a 10 ou 20 ans en arrière ».
Une politique éducative face à l’instabilité gouvernementale
Au centre de l’attention à chaque rentrée scolaire, les moyens accordés à l’Éducation nationale et aux enseignants restent corrélés aux politiques définies par un gouvernement dont l’instabilité n’a pas arrangé la situation. Toutefois, Samuel Rouzet veut davantage mettre en avant ce qui est fait et ce qui peut encore l’être : « on tient une feuille de route malgré les remous politiques. Parmi les satisfactions, on a stabilisé le taux de réussite au brevet, on a aussi 2% d’élèves en plus qui sont réorientés vers les filières générales et technologiques. Ce n’est pas dévaloriser la voie professionnelle que de le dire, mais simplement que beaucoup d’élèves sont encore hésitant lorsque le lycée arrive et les filières générales et technologiques permet de garder un large panel. »
Pour cette rentrée, l’attention sera particulièrement mise aussi sur l’absentéisme en classe, un problème pointé du doigt en particulier auprès de la filière professionnelle, lors du 3e trimestre l’année passée. « L’application Adesco permet de renforcer le suivi et l’accompagnement pour lutter contre le décrochage scolaire », poursuit l’inspecteur académique. « À cela s’ajoute les différents plans et accompagnements personnalisés pour permettre une meilleure équité entre établissements et zones géographique », ajoute Samuel Rouzet. L’école inclusive, le plan ruralité, le dédoublement des classes en zones éducative prioritaire renforcées (REP+), autant d’outils déployés ces dernières années pour « prioriser certains axes ». « Ce qu’il faut, c’est améliorer l’efficacité et la pédagogie. C’est notre seule arme face au décrochage ou aux problèmes d’apprentissage. Avec les AESH, les relais, l’École ne dispose pas de moins de moyens face à la baisse démographique. Il faut simplement anticiper une réorganisation. »
Un discours « similaire » année après année et qui ne semble pas convaincre les syndicats. « En parallèle des difficultés connues, il faut ajouter la perte d’autonomie dans la manière d’enseigner. Peu importe le ministre de l’Éducation nationale en place, depuis M.Blanquer le mot d’ordre c’est : vous faites ce qu’on vous dit, comme on vous dit de le faire. L’enseignement, ça ne marche pas comme ça », répond Marjorie Breney. « Il y a des plans pour plus d’inclusion et c’est une très bonne chose, mais leur mise en place ne fonctionne pas, faute de moyens. On pourrait avoir une ligne politique qui au contraire, profiterait des baisses du nombre d’élèves pour garder le même nombre de postes voire l’augmenter afin d’obtenir un encadrement et un enseignement dignes d’un pays comme la France. La crise de vocation dans l’enseignement n’est pas apparue sans raisons. Dans le Doubs, nous sommes écoutés, oui. Il y a un dialogue avec l’inspection académique, oui. Maintenant, est-ce que l’inspection fait tout ce qui est possible pour tenter de répondre à nos demandes qui durent depuis plusieurs années, pas sûr. »
Un cours d’éducation à la vie affective
L’éducation à la vie affective est désormais obligatoire dans toutes les classes dès l’école élémentaire, jusqu’au collège « sans rentrer dans des détails de la vie sexuelle chez les plus jeunes », précise Samuel Rouzet. « On aborde la notion de consentement, de respect et de ce qui appartient à chaque individu. C’est aussi une sorte de prévention, qui est très bien reçu par tous. Les enseignants auront la liberté de développer sur plusieurs séances tout au long de l’année. »
M.S