Shao, de son vrai prénom Joachim, est arrivé tôt sur le site du Pop Cornes festival au Russey. Pour des raisons techniques d’abord et peut-être aussi pour savourer. Après 17 années à rapper localement, il ouvre un festival de musique pour la première fois. « On a travaillé dessus depuis 1 mois et demi avec l’équipe qui m’entoure, il faut profiter un max, ce n’est pas tous les jours », sourit l’intéressé.
« Certains vont au foot, nous on va au studio »
Loin de la machine à cash qu’est devenu le rap actuel, le bisontin est un passionné de la première heure. Pour monter sur scène, il faut composer entre la vie professionnelle et la passion. Un fonctionnement qui dure depuis plus de 15 ans. Si pour les autres styles musicaux de nombreux groupes à la carrière purement régionale pullulent, le rap et le parcours du bisontin reste à part. « C’est une histoire de passion. Sur scène au Russey, je suis avec DJ Masta et S2E ce sont des mecs avec un passé encore plus important dans le coin. Il y a aussi Edinho qui est tout jeune avec nous. Certains vont au foot, nous on va au studio. »
« Je me suis rendu compte qu’il y avait la vie avant le rap »
En 2009, trois ans après avoir pris le micro, Lil Shaolin (son nom de l’époque) poste sur Youtube le titre « À 25 000 km/h ». Les milliers de vues s’enchaînent, beaucoup de passionnés en parle, le bisontin sort de l’ombre et entrevoit un avenir. « A l’époque faire un clip n’était pas donné à tous. C’était l’un des premiers à Planoise, avec tout le quartier réunit et les codes qui vont bien. On s’est marré, j’étais à fond dedans, jeune et fougueux et je me suis rendu compte qu’il y avait la vie avant le rap. »
« Aujourd’hui je suis invité à un festival à une heure de chez moi, pour me produire sur scène avant des mecs comme Rim’K, des mecs avec qui j’ai grandi, leurs sons à fond dans mes écouteurs. Ce n’est que du bonheur. »
Malgré les rencontres et projets, le bisontin se détache du milieu musical. Sans lâcher totalement. « Je ne regrette rien, autour de moi on me parle encore de ce que j’aurais pu faire, etc. Aujourd’hui je suis invité à un festival à une heure de chez moi, pour me produire sur scène avant des mecs comme Rim’K, des mecs avec qui j’ai grandi, leurs sons à fond dans mes écouteurs. Ce n’est que du bonheur. Il n’y a pas de goût d’inachevé, j’ai fait ce que je voulais. Il y a des dizaines de rappeurs dans le coin, je reste un privilégié et je ne l’oublie pas. »
Les premiers albums physiques en 2022
Sur scène ce vendredi soir au Russey, Shao présente son double projet Yukkuri. « C’est la première fois que je sors des CDs en physique. C’est un peu mon aboutissement, avec la maturité et le temps qui passe, mes textes ne sont plus les mêmes tout comme l’univers. J’ai pris du recul, c’est un peu plus « sage » même si en festival, il faut savoir faire le show », sourit l’intéressé.
« J’ai transmis ma passion avec des ateliers d’écritures, une émission de radio, il y a un travail social possible avec le rap, autre chose qu’uniquement le micro. Ça fait partie de l’esprit hip-hop et rap qui doit être à la base de tout. »
En japonais « Yukkuri » signifie « Lentement mais surement ». Une métaphore à l’image de la carrière de Shao. Malgré la décennie et demie à composer, le rappeur n’a que 32 ans et le succès a encore le temps de venir même si le bisontin trouve satisfaction ailleurs. « J’ai transmis ma passion avec des ateliers d’écritures, une émission de radio, il y a un travail social possible avec le rap, autre chose qu’uniquement le micro. Ça fait partie de l’esprit hip-hop et rap qui doit être à la base de tout. » Yukkuri 1 & 2, c’est aussi un univers aux sonorités japonaises, entre samouraïs et mangas. « J’ai toujours été passionné par ça. Le troisième volet arrive bientôt, il reste quelques détails. Ce sera un nouvel album, même 15 ans après j’ai toujours des choses à dire et si de nouvelles opportunités comme celle-ci se présentent, ce sera toujours un kiff. »
M.S