Été chaud dans la côte de Larnod

C’est presque chaque année le feuilleton de l’été. L’entretien annuel de la RN83 entre Beure et Larnod impose la fermeture de la route.  Cette année, les travaux très conséquents ont nécessité l’arrêt de la circulation pendant trois semaines.

879
La RN 83 dans la côte de Larnod est désormais élargie de 1,2 m grâce au terrassement de 150 m³ sur 6 mètres de hauteur ©YQ
Fluidifier et sécuriser le trafic

Dans cette côte en corniche qui voit passer environ 9000 véhicules/jour dont 2000 camions, les falaises et les nombreux virages imposent notamment aux poids-lourds de choisir entre franchir la ligne blanche ou toucher le rocher.

La RN 83 relie Lyon à Strasbourg depuis le milieu du XIXe siècle. C’est un axe majeur entre Rhin et Rhône, bordé de nombreux territoires ruraux et d’agglomérations importantes. Son entretien, à défaut de son élargissement, est donc primordial.

Cet été 2022, deux chantiers importants étaient prévus.

L’hiver dernier, un glissement de terrain a fragilisé la bordure de la route en surplomb de la vallée du Doubs. Il fallait donc sécuriser l’infrastructure sur 60 m de longueur et 1,5 mètres de hauteur avec des pieux bétonnés de 3 mètres : une très grosse intervention qui se poursuivra jusqu’au début du mois de septembre.

Philippe Thirion, Directeur adjoint de la DIR-Est en charge de l’ingénierie et Aline Bottagisi, cheffe de projet en charge des travaux sur la RN 83 ©YQ

Pour Aline Bottagisi, chef de projet ingénierie à la DIR-Est, « les bouleversements climatiques impactent les infrastructures routières. Nous devons trouver le bon équilibre entre les travaux préventifs et les interventions curatives pour limiter les nuisances pour les riverains et les usagers de la route ». Pour l’ingénieure de la DIR-Est, l’objectif essentiel est la sécurisation du trafic routier.

Autre chantier d’envergure dont le coût dépasse 300 000€, l’élargissement de la voie de circulation. Du 11 au 29 juillet, 150 m³ de terrassement sur une hauteur de 6 mètres ont permis d’élargir la route de 1,20 mètres. Ce travail gigantesque effectué par des équipes de 10 personnes en 3×8 va permettre de fluidifier le trafic en évitant les ralentissements dans les croisements de poids lourds. Les travaux vont également réduire sensiblement les risques d’accidents dans cette côte aux nombreux virages. Dans le même temps, de nouveaux grillages anti-chutes de pierres ont été posés et des agents de l’ONF ont procédé à des coupes d’arbres pour sécuriser la falaise.

Philippe Thirion, Directeur adjoint de la DIR-Est, présent sur le chantier, a rappelé la particularité des infrastructures franc-comtoises. « Nous gérons un patrimoine historique routier important. Les nationales 57 (Nancy-Lausanne), 83 (Strasbourg-Lyon), 5 (Paris-Genève) ou 19 (Paris-Bâle) traversent le territoire comtois souvent dans des environnements contraints. Nous consacrons par exemple 1,5 million d’euros chaque année pour l’entretien de la RN 5 (particulièrement entre Champagnole et les Rousses) ».

Déviation et circulation alternée

Aline Bottagisi l’affirme « le trafic alternatif dans les communes de Beure, Pugey ou Fontain n’est pas de notre fait. Nous avons identifié précisément l’itinéraire de déviation par la voie des Mercureaux et la RD 104 ». Pour la cheffe de projet, il est difficile aux services de l’Etat et des collectivités locales de prendre des mesures strictes d’interdiction. « C’est aussi de la responsabilité individuelle de respecter la signalisation et de respecter les riverains des communes impactées par les travaux ».

Le propos ne va pas rassurer les habitants de Beure qui voient passer camions et voitures depuis le 11 juillet au centre du village.

Depuis le 29 juillet, la côte de Larnod est à nouveau ouverte à la circulation, avec un alternat jusqu’au 1er septembre au niveau des travaux de soutènement.

On peut comprendre la colère des riverains. Pour autant, ces mêmes riverains ne tolèreraient pas une route non entretenue et dangereuse. Pour les agents de la DIR-Est, cela ne peut pas se faire d’un claquement de doigts.

Yves Quemeneur