Doubs. Avec l’AC Bisontine et le BesAC Basket, l’ambition d’un futur complexe sportif à Besançon

Le Grand Besançon a lancé une étude de faisabilité en mai 2022 à propos de la création d’un futur complexe sportif réunissant un vélodrome et un terrain de basket aux normes nationales, voire européennes. Le premier volet de l’étude a été présenté en décembre et le second, plus axé sur l’aspect financier, est prévu pour avril 2023. Les bases d’une enceinte sportive moderne sont posées. Détails.

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Crédit Photo : Vélodromo Nacional de Sangalhos

Les yeux pétillants de la cohorte de personnalités politiques à la sortie des matchs du BesAC Basket au Palais des Sports (24 et 27 janvier) ne mentent pas. Les applaudissements et sourires des 10 000 spectateur à la manche de Coupe du Monde de cyclo-cross – organisée les 28 et 29 janvier à la Malcombe par l’Amicale Cycliste Bisontine – non plus.

Derrière ces réussites, un dossier est revenu sur la table du Grand Besançon, presque au bon moment. Un serpent de mer, tant le sujet fut évoqué, annoncé puis laissé à l’abandon depuis des années par les différents élus.

Une nécessité sportive

Ce qui n’a pas empêché l’agglomération d’engager en mai 2022 une étude de faisabilité à propos d’un futur complexe sportif réunissant un vélodrome couvert et un terrain de basket en son centre. L’Amicale Cycliste Bisontine pousse depuis près de vingt ans (lire l’interview du président Pascal Orlandi), mais depuis l’an dernier, il y a urgence. « La piste extérieure à Dijon a été détruite. Nous n’avons plus d’équipement à moins de deux heures de route. Sans terrain d’entraînement, c’est la mort d’une discipline. », confie le président du club.

Pour le BesAC Basket, le gymnase des Montboucons commence à être trop étroit. Crédit photo : Comm’on by Tiffou

De son côté, le BesAC Basket cartonne à chaque (rare) passage au Palais des Sports Ghani Yalouz et bataille pour une montée en Pro B le plus rapidement possible. Un tel objectif nécessiterait automatiquement un gymnase aux normes. Sauf que le Palais des Sports compte déjà trois résidents cette année : l’ESBF, le GBDH et le Palente Handball. Problème de place et de structure donc, auquel GBM s’emploie à répondre et voit grand.

Trois fois la taille du Palais des Sports

Le bureau mandaté – C.E.G, qui a notamment travaillé sur les JO 2024 – pour cette étude de faisabilité a d’abord voyagé pour savoir si oui ou non un tel complexe sportif était réalisable. La réponse se trouve à Derby en Angleterre (voir encadré) et à Sangalhos au Portugal. Des structures où un certain Morgan Kneisky, bisontin et grand champion de vélo sur piste, s’est beaucoup entraîné. L’athlète a d’ailleurs activement collaboré sur cette étude.

Derby Arena
En Angleterre, la Derby Arena est devenue une salle référence. Construite entre 2012 et 2015, l’enceinte a couté 27M£ soit 37M d’€ à l’époque. En trois ans elle avait déjà attiré 1 million de visiteurs, 32 événements pour la seule année 2018 et 700 000€ de recettes fiscales.

On parle ici d’une enceinte mesurant trois fois la taille du Palais des Sports. À l’intérieur, une piste couverte de 250 mètres, homologuée par l’UCI avec des gradins comprenant entre 1000 et 3000 places. Au centre, on trouve à 3,50 mètres plus bas, un espace de 52 x 96 mètres avec terrain de basket et tribunes démontables, pouvant accueillir 3000 supporters, la fréquentation moyenne observée en ProB. L’ensemble de la surface au sol est estimé à 3000 m2. « Si on veut un vélodrome, voilà ce qu’il faut. C’est comme cela qu’on peut résumer cette étude. », commente Michel Jassey, vice-président chargé des équipements sportifs. « Le vélodrome répond aux normes européennes voire internationales. On est sur un équipement similaire à celui de Roubaix. » Pas une énorme Arena donc, mais une structure tout de même conséquente.

Presque deux salles en une : le vélodrome de Derby et ses gradins surplombent le centre, situé 3 mètres plus bas. Crédit photo : https://www.derbyarena.co.uk

Vélodrome de Roubaix :Inauguré en 2012, le vélodrome couvert de Roubaix Jean Stablinski a couté 25 millions d’euros. Il a depuis accueilli de nombreuses compétitions nationales mais aussi les mondiaux sur pistes en 2021 (Période COVID).

Trois lieux pour une potentielle installation

À l’intérieur de l’étude, trois lieux ont déjà été identifiés pour une potentielle installation. Le premier se trouve le long de la rue de Vesoul, en face du garage Cassard. Un peu plus sur l’avenue des Montboucons, le site sportif de Montrapon, vieillissant et énergivore est aussi une piste. Enfin la troisième option se situe sur les Hauts de Chazal, à la frontière entre Besançon et Franois. Ce dernier lieu est déjà desservi par les bus mais aussi le tramway.

La question du financement

Pour les trois options donc, un accès rapide en voiture tout en restant sur la Ville. « Un tel complexe doit être à Besançon. On a la gare TGV au milieu d’une zone naturelle, on s’est assez planté là-dessus », glisse Michel Jassey. « On voulait un retour plus détaillé de cette étude, un complément est en cours et sera connu mi-avril. À l’intérieur, les coûts de fonctionnement et l’entretien seront précisés. Surtout nous souhaitons connaître les modalités de financement pour un partenariat public-privé. Un tel projet ne peut être supporté par l’agglomération seule, il faudrait une participation de toutes les institutions publiques. La Région et le Département ont aussi la volonté d’un tel projet nécessaire pour notre ville. On veut savoir si des fonds privés veulent nous suivre, à quelle hauteur et comment. »

Alors qui ? La Groupama-FDJ dont le centre de performance est déjà à Besançon ? Breitling qui a rejoint la nouvelle équipe professionnelle Q36.5 Pro Cycling Team ? Pour cette étude, l’Amicale Cycliste Bisontine est déjà considérée comme « club résident », comme le BesAC Basket.

Une structure au rayonnement européen

De plus, un tel projet ne figure pas dans le programme prévisionnel d’investissement (PPIF) du Grand Besançon, élaboré entre 2021 – 2025. La Région a déjà stoppé ses dispositifs de soutien cette année pour de telles infrastructures.

Néanmoins, Michel Jassey de GBM s’appuie sur la réussite de la salle d’escalade et la rénovation de la piste BMX pour montrer qu’un tel investissement pourrait créer des retombées dépassant les ambitions. « Le contexte économique et énergétique actuel n’aide pas mais il y a un réel consensus entre toutes les institutions. C’est clairement une structure au rayonnement du Grand Est. »

L’Amicale cycliste bisontine s’appuie notamment sur la réussite du cyclo-cross pour justifier la création d’un tel vélodrome. Crédit : 53×11.studio, AC Bisontine

Une gigantesque Arena près d’Annecy

Surtout, les vélodromes de ce type sont très rares en France. Outre le complexe national basé à Saint-Quentin-en Yvelines, on trouve un tel complexe à Bourges, Roubaix et bientôt près d’Annecy. En septembre 2022, la Haute-Savoie a obtenu l’organisation des championnats du monde de cyclisme 2027, réunissant toutes les disciplines du vélo et a annoncé la création d’une « Haute-Savoie Arena », énorme complexe sportif de 18 000m2, construit sur la petite commune de La Roche-sur-Foron près de la frontière suisse. Son coût : 62 millions d’euros avec à l’intérieur parmi les nombreux outils sportif, un anneau de vitesse.

« Nous ne sommes pas du tout sur le même type de complexe », tient à rassurer Michel Jassey. Après des années de tergiversations et d’études préalables, le projet semble plus que nécessaire. Le complément d’étude attendu pour avril va préciser les possibilités. Beaucoup d’hypothèses encore, mais les bases sont posées. En coulisse on l’assure : « la vraie question c’est surtout « le portage ». Qui aura le leadership, la maitrise d’ouvrage et le courage pour mener un tel projet. »

M.S

L’exemple de la Derby Arena Crédit photo : https://www.derbyarena.co.uk