La loi de programmation militaire fera l’objet d’un débat au Parlement dans les prochaines semaines avec un chiffre à retenir : 413 milliards d’euros devraient être consacrés aux grandes orientations. Les moyens d’action matériels et immatériels n’ont jamais été aussi importants.
Régler la mire
Le budget du Ministère des Armées a été longtemps le parent pauvre de l’Etat comme l’ensemble des autres missions régaliennes (Police et Justice). À titre de comparaison, le budget de la défense des Etats-Unis s’élève à 732 milliards de dollars, celui de la Chine est de 261 milliards (en hausse de 85% sur la période 2010-2019). L’Inde, la Russie et la Corée du Sud ont augmenté leur budget militaire de plus de 30% dans la même période. De 2010 à 2019, le budget de la Défense en France a progressé…de 3,5%.
Assurer les fondamentaux de la défense
La dissuasion nucléaire demeure la clé de voûte de l’outil de défense français. Depuis le Brexit, la France est devenue le seul pays de l’Union Européenne à disposer de l’arme nucléaire. A côté de la dissuasion, les moyens affectés à la loi de programmation militaire vont permettre de consolider la protection permanente du pays, tant en sûreté aérienne, sauvegarde maritime ou la contribution de l’armée à des missions de service public (secours aux populations, opération vigi-pirate…). Les défis technologiques imposent de nouvelles capacités d’exploitation et des outils d’investigation numériques. Entre 2024 et 2030, 5 milliards d’euros seront consacrés au renseignement et à la contre-ingérence.
L’Armée est un acteur essentiel du département du Doubs
Elle occupe 3563 militaires et civils (représentant près de 8000 personnes avec les familles). L’industrie de défense représente 418 emplois dans le département. Les forces militaires font vivre indirectement 2228 emplois dans les services et le commerce de proximité. On recense 181 PME et ETI dans le département fournisseurs directs du ministère des Armées (plus 33 sous-traitants de l’armement). Le ministère des Armées débourse chaque année 5 millions d’euros en direct aux entreprises du département.
120 millions d’euros investis par l’armée au Valdahon et à Besançon
Sébastien Lecornu l’a annoncé devant Sylvie Le Hir, la Maire de Valdahon. La loi de programmation militaire prévoit une enveloppe de 73 millions d’euros pour la période 2024-2030 dont 40 millions pour les équipements et 33 millions pour les infrastructures.
En matière d’équipements, 25 véhicules Griffon seront mis en service au Valdahon d’ici la fin 2023. Ces véhicules blindés multi-rôles sont des engins robustes, bien protégés et mobiles dont la mission est de transporter les groupements tactiques interarmes. Cet investissement garantit ainsi la pérennité du 13ème régiment du Génie de Valdahon. Le camp est idéalement placé sur les plateaux du Doubs. Il est également prévu d’ajouter 4 embarcations fluviales pour les franchissements de rivières et de fleuves.
Les infrastructures du camp du Valdahon ne sont pas oubliées. On notera un camp militaire déjà en avance sur la transition énergétique (l’éclairage des routes du camp est alimenté par des panneaux photovoltaïques). 33 millions d’euros sont investis dans la livraison d’un bâtiment neuf d’hébergement de 130 places livré en 2024. S’y ajoutent 9 millions d’euros sur l’ensemble de la période 2024-2030 pour la modernisation et l’adaptation des infrastructures. 20 millions d’euros sont également programmés autour du programme Scorpion qui vise à renouveler et moderniser les capacités de combat autour de nouvelles plateformes techniques.
Modernisation du CFIM
Le Centre de Formation Initiale des Militaires du rang accueille chaque année au Valdahon 1200 nouvelles recrues pendant deux mois issus des 7 régiments de la 7ème brigade blindée. 4 millions d’euros vont être consacrés à la rénovation des deux bâtiments de ce centre de formation.
37 millions dédiés au 19ème régiment du Génie de Besançon
La loi de programmation militaire prévoit 23 millions d’euros pour les équipements et 14 millions pour les infrastructures. 15 véhicules Griffon vont être affectés au Quartier Joffre ainsi que des moyens de franchissements importants de rivières et de fleuves. Côté infrastructures, le 19ème RG comptera un nouveau bâtiment pour les engagés volontaires en 2024 et un gymnase prévu en 2029. Les effectifs seront renforcés de 16 personnels d’active et des renforts réservistes.
Un Plan Famille 2 doté de 9 millions d’euros pour le Doubs
Ce budget, en augmentation d’un tiers par rapport au précédent, permet de mieux prendre en compte les contraintes de mobilité et de disponibilité de la condition militaire. Une lettre d’engagement avec les collectivités incitent les maires à améliorer l’accueil des jeunes enfants de militaires (crèches et écoles), d’accompagner les familles dans les problématiques de logements et de mobilités. C’est aussi un engagement des collectivités à développer le sentiment de cohésion et de patriotisme de la population aux côtés des militaires qui défendent la paix et nos intérêts. Beaucoup de communes, dont celle de Besançon, se sont engagées dans cette voie marquant la proximité de la Nation avec son armée.
L’Armée, un métier en tension
Sébastien Lecornu a insisté sur l’amélioration des conditions de vie des militaires inscrite dans la loi de programmation. Un tiers de militaires ne resignent pas un nouveau contrat. Le Ministre souligne deux écueils que la LPM devrait résoudre : la construction et/ou la rénovation des bâtiments de vie des militaires dans les casernes et camps est un préalable. L’autre écueil tient à la rémunération des soldats, et notamment des sous-officiers. Ces cadres intermédiaires, formés, expérimentés, aux compétences reconnues, ne sont pas récompensés à la hauteur de leurs expertises. Dans ces conditions, la tentation est grande de quitter l’armée pour le civil. Un effort très important va donc être consacré à la revalorisation des rémunérations des militaires.