Édito. Le D-Day des ukrainiens

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L’envahissement de l’Ukraine par la Russie au nom d’une « dénazification » théorisée pour légitimer une guerre infondée, trouve un puissant écho dans notre histoire locale. Elle permet aussi de mieux comprendre la position si singulière de l’Ukraine dans l’Histoire. Mardi 6 juin nous commémorions le 79e anniversaire du Débarquement sur les plages de Normandie quand cette semaine, dimanche 18 juin, l’appel du Général de Gaulle (voir pages locales) fêtera son 83e anniversaire. La Résistance en Franche-Comté a trouvé un allié inattendu au cours de la Libération. Il faut remonter en juillet 1942 à Kiev où à l’époque, les nazis occupent la région et enrôlent de forces les soldats ukrainiens dans leur régiment. Le Wach-bataillon est créé avec en son sein des hommes qui souhaitent combattre autant Hitler que Staline.

Positionnés en Biélorussie, les soldats ukrainiens se préparent à déserter une fois arrivés en France, pour rejoindre le maquis. Le bataillon est transféré à Besançon le 19 août 1944 quand le IIIe Reich est déjà en perdition. Après avoir échangé avec la Résistance locale pendant une semaine, le bataillon originaire de Kiev quitte le camp militaire de Valdaho-Vercel pour rejoindre les Forces Françaises de l’intérieur (FFI). 460 soldats, un canon antichar, huit mitrailleuses lourdes, 25 fusils mitrailleurs, quatre mortiers et sept lance-grenades sont désormais sous la direction du capitaine Leclerc. Avec deux brassards autour du bras, l’un jaune et bleu, l’autre tricolore, les Ukrainiens participent à la libération de plusieurs communes locales, comme Pontarlier ou Damblin. À la fin de la Seconde Guerre en France, conscients de leur retour dans un pays contrôlé par l’URSS, beaucoup de ces résistants s’engagent dans la Légion étrangère.

Plusieurs d’entre-eux sont aussi morts au combat et les monuments de Besançon, Damblin ou encore la tombe de Vercel, rappellent leurs actes héroïques, parfois oubliés. Ils rappellent aussi qu’au nom d’une nation qui n’était pas la leur, ces soldats défendaient une certaine idée de la liberté, d’une Ukraine forte et indépendante, sans Nazi, ni Staline Poutine.

M.S