Michèle Sibony, porte-parole de l’union juive française pour la paix : « il faut sortir de l’horreur »

Rencontre avec Michèle Sibony, porte-parole de l’Union juive française pour la paix, qui devait venir à Besançon dans le cadre des « 7 heures pour la Palestine ».

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Michèle Sibony. Photographie fournie par Michèle Sibony, de sa collection privée.

Michèle Sibony, vous deviez animer une conférence-débat dans le cadre des « 7 heures pour la Palestine » à Besançon, qui a finalement été annulée. Regrettez-vous ce choix ?

Je crois que ça se situait à un moment où de toute façon, tous les événements pour la Palestine étaient annulés. C’est seulement la décision du Conseil d’État qui a refusé l’interdiction systématique des manifestations, qui a permis la reprise de certaines activités sur la Palestine. Mais au moment où étaient programmées les « 7 heures pour la Palestine » à Besançon, on était en plein dans ce moment-là. Les organisateurs ont décidé d’annuler toutes les sept heures et de ne garder que la conférence avec moi. Je ne me sentais pas tellement légitime de parler seule à Besançon de la situation qui venait d’exploser. Et donc, je proposais que l’on fasse cela à deux ; avec un ou une intervenante palestinienne. Ça n’a pas pu être possible, parce que tous les intervenants contactés étaient absolument débordés par la situation. On a donc décidé de reporter. Ce n’est pas une annulation, c’est un report !

Lors de la séance plénière du Conseil régional, plusieurs formations politiques ont refusé de voter une aide à une association, suite à la mise en avant par celle-ci des « 7 heures pour la Palestine ». L’association a ainsi été qualifiée par certains d’anti-israélienne. Qu’en pensez-vous alors que vous deviez être présente ? 

On a rencontré en France, une vague de dictats qui ont immédiatement placé le curseur sur le soutien absolu à Israël. On peut comprendre le choc qui a été vécu avec l’incursion du Hamas le 7 octobre en Israël et surtout des crimes de guerre qui ont été commis. Il y a eu des atrocités, c’est sûr ! Est-ce que ça doit se faire en éliminant tout contexte ? En éliminant, tout ce qui produit cette monstruosité ? Les 16 ans de blocus de deux millions de personnes à Gaza ? Est-ce que ça doit éliminer les plus de 300 morts maintenant en Cisjordanie depuis le début de l’année et les persécutions par les colons ? Est-ce que ça doit éliminer tout le contexte colonial dans lequel cet événement s’est produit ? Je ne crois pas. Je crois qu’il fallait pouvoir restituer du contexte, ce qui ne veut pas dire que l’on soutient ce qu’il s’est passé. Il est important de l’expliquer pour comprendre la situation. Il n’y a pas d’événements hors-sol.

Vous militez pour la paix. Le conflit israélo-palestinien dure depuis longtemps, comment la paix peut-elle se faire ? Pourquoi ne s’est-elle pas déjà faite ?

Le gouvernement israélien n’accepte pas l’idée que ce territoire va devoir être partagé. Il va falloir trouver le moyen de coexister sur le même territoire pour deux populations qui sont très imbriquées. Il faut juste sortir de l’horreur. Il faut juste arrêter de penser que la solution passe par la destruction d’un peuple. Je crois qu’il faut ouvrir une troisième voie. Ce carnage pourra peut-être trouver un sens s’il en sort une réelle prise de conscience et une réelle réflexion sur la recherche d’une voie qui soit une voie de coexistence et non une voie de cimetière.

Selon vous, comment la situation va-t-elle évoluer ?

À court terme, il faut exiger un cessez-le-feu ! L’idée des pauses humanitaires… C’est scandaleux ! C’est un vrai cessez-le-feu que la communauté internationale doit imposer et elle doit imposer la reprise de négociations très rapide. Dans un deuxième temps, ce sera le temps de la réflexion. De regarder, de réfléchir, de s’entourer de gens capables d’apporter des solutions. Il y a des solutions ! Les gens n’ont pas envie de s’entretuer.