Une grosse journée en plusieurs temps pour commémorer un événement qui reste « le ferment de deux guerres mondiales ». Une phrase glissée par Fabrice Herard, membre des amis du musée de Pontarlier, organisateurs côté français de cette cérémonie, 153 ans après l’accueil de l’Armée de L’Est par nos voisins Helvètes. Cette fois, le rendez-vous a été construit main dans la main avec l’association Bourbaki les Verrières en Suisse, dont Christian Mermet est le président. « C’est plus simple de commémorer les événements héroïques, mais cela reste très important d’honorer les gens qui ont souffert entre la France et la Suisse. », explique l’intéressé, au pied du monument aux morts de la Cluse-et-Mijoux, où a débuté la journée. Le même endroit où 153 ans plus tôt, depuis le Châteaux de Joux ou encore le fort du Larmont, des soldats français puisaient dans leurs dernières forces pour repousser les attaques allemandes et permettre à 87 000 compatriotes (chiffre variable, ndlr), de trouver refuge de l’autre côté de la frontière. Parmi eux, le chef des opérations, le lieutenant-colonel Achilli y laissera sa vie. Ses descendants ont répondu à l’appel ce jeudi pour cette journée symbolique.
Cette commémoration bien qu’importante réveille aussi un souvenir difficile, peu glorieux pour la France, tant la défaite et la déroute de cette armée pilotée par le général Bourbaki fut lourde. « Globalement, la guerre de 1870 fut une raclée monumentale », commente Jean Maillard, colonel honoraire et passionné de l’histoire de cette armée Bourbaki. Il était l’invité d’une conférence sur le sujet, ce jeudi 1er février. « L’armée de l’Est est un projet utopique d’un gouvernement qui refusait la défaite et n’avait pas le sens des réalités. Les soldats sont arrivés épuisés, gelés aux Verrières et ont dû patienter jusqu’à la signature de cette convention pour accueillir les hommes contre le dépôt des armes et une amende de 12 millions de francs or, pour un internement de deux mois. La France a payé ! ». Côté Suisse, cette mobilisation fait partie des grandes dates de l’Histoire, « avec 1914 et 1939 », rappelle fièrement le colonel Jacques De Chambrier. « Il y avait cette crainte d’un envahissement potentiel de la part d’un des deux camps. Côté militaire, cet épisode de l’histoire aura surtout permis à la Suisse de réformer l’organisation car à l’époque c’était un peu n’importe quoi ».
Une journée réussie tout comme cette collaboration transfrontalière qui a annoncé réitérer et développé cette commémoration.
M.S