Pour le natif de Sada à Mayotte, avocat puis sénateur de ce petit département français, macroniste de la première heure venu du parti socialiste, sa nouvelle mission va consister à faire de la langue française la passerelle des valeurs humanistes. Délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Thani Mohamed Soilihi avoue : « je découvre un périmètre de la francophonie qui va bien au-delà de la langue française ».
La langue de Molière n’est pas sa langue maternelle. « J’ai appris le français à l’âge de 6 ans et j’en ai assimilé les valeurs universelles. Cela a joué un rôle important dans mon parcours » souligne cet avocat de profession de 52 ans.
« Il ne faut pas baisser les bras »
Ses origines peuvent améliorer les relations parfois tendues avec certains pays africains. D’autant que son portefeuille inclut les partenariats internationaux. Loin de la « France Afrique », « je souhaite des rapports d’égal à égal avec les pays africains, des partenariats gagnant-gagnant. La France et sa langue ne sont pas en danger sur le sol africain ».
325 millions de locuteurs français dans le monde
« Le Centre de Linguistique Appliquée (CLA) est un modèle du genre unique dans le monde entier » a reconnu le ministre qui a consacré l’essentiel de sa visite au centre créé en 1958 par Bernard Quemada. Il accueille chaque année 2 500 étudiants étrangers autour de 45 enseignants. La formation linguistique et culturelle bénéficie aux quelques 1 100 universités de l’environnement des 96 pays de l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie). Compte tenu de la démographie sur le continent africain en particulier, ce sont 700 millions de personnes qui parleront français dans 20 ans, un atout important pour le rayonnement du pays.
Des échanges avec des étudiants étrangers
Ils sont tous fiers d’apprendre le français. Ce n’est pas seulement une langue, c’est aussi une culture, des valeurs que seule la France est capable de transmettre sur les cinq continents.
L’IA, la grande ambition technologique pour le français
Thani Mohamed Soilihi pense que l’avenir du français parlé dans le monde passera par « la promotion du mulitlinguisme », en particulier dans le développement exponentiel de l’Intelligence Artificielle. Pour l’instant, l’anglais reste l’unique langue numérique. La réflexion du ministre en charge de la francophonie est de trouver « les moyens d’injecter du français dans l’IA, mais aussi d’autres langues que l’anglais pour offrir de multiples traductions ». L’ambition est louable. Pas sûr que les monstres informatiques qui vont inonder le monde de leurs data-centers perçoivent toute la complexité de la pensée française. Après le long moment passé au CLA, Thani Mohamed Soilihi a consacré un temps d’amitié, politique oblige, avec les adhérents et sympathisants du mouvement Renaissance et Horizons, avant de reprendre son train vers Paris.
