C’est une visite qui tombe à pic pour la gauche bisontine, moins de 48h après le capharnaüm au sein de l’antenne du Parti Socialiste (PS). En annonçant sa candidature avant même la primaire interne de son parti – remportée par Jean-Sébastien Leuba – Nicolas Bodin a ravivé les tensions entre les différentes formations du Nouveau Front Populaire (NFP) au niveau local. Parmi les lignes rouges de l’actuel adjoint socialiste en charge de l’économie, la participation de La France Insoumise (LFI) au sein de la future liste portée par Anne Vignot (EELV). « On s’y attendait, mais le faire après n’avoir rien dit pendant les réunions des partis actuellement au conseil municipal, c’est lâche », souffle un autre élu. Dans ce contexte, la conférence-débat organisée à la Malcombe vendredi 4 avril était particulièrement attendue.
Pour échanger sur la place des services publics, la députée Dominique Voynet (EELV/NFP) a fait venir Lucie Castets, coordinatrice du NFP actuellement en plein tour de France. Autour d’elle, tous les partis de la gauche bisontine sont présents. De quoi rassurer les quelque 300 participants réunis. « Sur le terrain, les habitants n’ont que faire de ces duels de chefs », tranche Lucie Castets. « Loin des querelles parisiennes, les militants et électeurs veulent qu’on parle du fond et de la place des services publics, c’est un dénominateur commun entre la ruralité et les périphéries urbaines. Je suis totalement contre le fait d’opposer les bourgs et les tours ». Seule satisfaction sur cette question, le « consensus politique et populaire » quant à l’urgence de restaurer des services publics partout en France, « ce qui n’était pas encore le cas il y a plusieurs années » poursuit Lucie Castets. « C’est une question de démocratie locale. […] On doit tout faire pour que les services publics permettent de reconquérir des citoyens qui se sentent abandonnés et se disent que le seul moyen d’exprimer cette colère, c’est l’extrême droite », abonde Dominique Voynet.
« Le besoin d’un budget construit autrement »
« On dit sans cesse aux gens qu’il n’y a plus d’argent. Les réductions demandées aux collectivités concernent toujours des services rendus à la population. Il n’y a jamais de discussion sur notre modèle économique qui enrichit toujours plus les grandes entreprises. Tous types d’aides confondus, on est aujourd’hui à 200 milliards d’€ par an. C’est massif », ajoute Lucie Castets. À cela s’ajoute le fonctionnement de la Loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) votée en 2015 et directement concerné par ce débat autour des services publics. « Il ne faut pas s’arrêter au milieu du gué », continue Lucie Castets. « On a donné plus de compétences aux collectivités locales sans financement à la hauteur et pire, certaines collectivités doivent même aujourd’hui pallier les manques de l’État quand dans le même temps, elles doivent faire des économies. »
Toujours selon Lucie Castets et Dominique Voynet, la clé pour obtenir des moyens supplémentaires et nécessaires au bon fonctionnement des services publics locaux vient d’un « budget construit différemment ». Un budget français qui n’a plus été voté par les députés depuis le mois de décembre 2021. Tous sont ensuite passés par l’utilisation de l’article 49.3, engageant la responsabilité de chaque gouvernement. Dès lors, que reste-t-il au Nouveau Front Populaire pour lutter ? « Les élections, la volonté commune de construire une espérance avec tous les autres partis de gauche », rétorque Dominique Voynet. « D’abord aux élections municipales, puis aux régionales puis aux présidentielles ».