Comment la SPA de Besançon Franche-Comté s’est retrouvée à Maussans (Haute-Saône) le 25 octobre ?
C’est un lanceur d’alerte qui nous a transmis un dossier avec de nombreuses preuves qu’un problème existait depuis au moins trois ans, même si les services de l’État étaient au courant. En arrivant sur place, le bruit et l’odeur ne présageaient rien de bon.
Vous avez pu intervenir rapidement ?
La propriétaire ne voulait rien entendre, jusqu’au moment où nous avons évoqué la gendarmerie. Elle a accepté de nous faire entrer et nous avons découvert l’horreur. Des dizaines de chiens squelettiques, dans leurs excréments, enfermés dans des cages cassées pouvant les blesser et dans le noir. Nous avons appelé la gendarmerie pour qu’elle constate cette effroyable situation. La propriétaire des lieux a, semble-t-il, pris conscience et a accepté de nous laisser 55 chiens et 5 chats. Ce sont les animaux les plus en souffrance et tous ont aujourd’hui un refuge ou une famille d’accueil. Chacun reçoit les soins nécessaires. Concernant cette dame de 67 ans qui vivait là-bas, nous lui avons transmis une mise en demeure de régularisation pour les animaux restants et la direction départementale des services vétérinaires (DDSV) prend en charge l’affaire.
Combien d’animaux se trouvaient là-bas ?
Au total, 73 chiens, 10 chats, un pigeon, deux poules, deux oies et 13 chèvres. Sans parler d’une vingtaine de cadavres sur place.
Avez-vous des nouvelles des autres animaux depuis ?
Aucune et c’est tout le problème. C’est aussi la raison pour laquelle nous médiatisons les affaires aujourd’hui. Ces histoires suscitent l’émoi et provoquent une prise de conscience. Les gens attendent des nouvelles et veulent que les services de l’État réagissent à la hauteur de la situation.
Vous sous-entendez que ce n’est pas le cas ?
Notre avocat relance constamment sur cette affaire et nous n’avons pas de nouvelles*. La Justice semble prendre conscience, au regard de l’évolution de certaines affaires, mais on est souvent déçu. À l’inverse, on peut compter sur la générosité immense du public. Les dons financiers permettent de payer les vétérinaires, la nourriture et le matériel nécessaire à la vie d’un chien arrivent en masse.
Avez-vous des nouvelles des anciens poneys du Parc Micaud, dont la découverte de leur abandon il y a plus d’un an a suscité une importante colère populaire ?
Les mis en cause ont fait appel mais entre temps, nous sommes malheureusement à nouveau intervenus il y a quelques mois chez la propriétaire. Nous avons découvert onze cadavres de chiens et cinq chiens dans un état lamentable. On a l’impression de donner des coups d’épée dans l’eau, on se démène pour lutter contre cette souffrance animale et en face, on perçoit une forme d’indifférence. Les services de l’État commencent à bouger, mais c’est lent.
Ce type de découvertes est plus fréquent en ruralité ?
Deux jours après notre intervention à Maussans, nous étions avec les forces de l’ordre à Planoise pour récupérer trois malinois chez des trafiquants.
Quel est le budget de la SPA Besançon et Franche-Comté à l’année ?
Nous vivons uniquement de dons et de legs. Notre budget de fonctionnement est d’environ 250 000 €.
Pourquoi prévenir la police alors que vous récupérez des animaux par une cession amiable ?
Nous le faisons seulement dans les cas d’extrême urgence, pour que les responsables de ces situations soient condamnés. On ne joue pas avec la vie des animaux comme ça.
Qu’attendez-vous concrètement ?
Nous nous battons principalement pour une chose : que les responsables de ce genre de situation aient une interdiction de détention d’animaux à vie. Sur la route, quand une personne commet quelque chose de grave, elle perd son permis. Pour les animaux, c’est pareil. On ne veut plus de tortionnaires et bourreaux.
Vous êtes devenu le président de la SPA Besançon et Franche-Comté en juin mais vous œuvrez au sein de l’association depuis 2019. Constatez-vous une évolution du nombre d’affaires de maltraitances animales ?
C’est aussi dû à notre médiatisation plus importante mais nous découvrons de plus en plus de situations qui défrayent la chronique. Je ne parle pas des affaires où nous récupérons un chien ou un chat, mais de celles où l’on découvre un syndrome de Noé qui tourne à la catastrophe. Maintenant, il faut aussi regarder plus largement : sur 100 interventions, une grosse dizaine nécessitent une cession amiable.
Comment l’expliquez-vous ?
J’ai l’impression que c’est multifactoriel. Il y a le syndrome de Noé, oui, mais aussi l’appât du gain ou des grosses difficultés sociales. Nous sommes régulièrement contactés par les services sociaux. Je ne cherche pas d’excuse à ces gens, car on aimerait qu’ils nous appellent avant d’en arriver là.
*Interview réalisée le lundi 3 novembre à 14h.





























