Le caractère bien trempé d’Andréa Grimani lui permet d’avoir un objectif clair à seulement 16 ans : devenir pilote d’hélicoptère bombardier d’eau. Plus jeune adhérente de l’aéroclub de Pontarlier, elle fait partie des 30 jeunes de 16 à 21 ans à avoir été sélectionnés au niveau national pour participer au stage de l’ALAT en octobre dernier.
Un stage militaire qui lui « donne la rage »
En mai 2024, Andréa Grimani se décide à passer le brevet d’initiation aéronautique (BIA), condition indispensable pour postuler au stage militaire. « L’ALAT, ça fait un moment que j’y pensais ». C’est grâce à son adhésion à l’aéroclub de Pontarlier en août dernier que le projet devient concret. « J’ai fait mes premières heures de vol avec mon formateur Charles et c’est lui qui m’a reparlé de l’ALAT. J’ai alors décidé de déposer mon dossier mais je n’y croyais pas. Je pensais qu’ils privilégieraient les candidats de 21 ans », se souvient la jeune femme.
Et pourtant, la voilà sélectionnée et elle est la seule stagiaire à venir de Franche-Comté. Pendant cinq jours, elle a découvert le monde militaire. « Ça fait bizarre mais c’est super sympa car on se retrouve dans un milieu un peu secret. Surtout, on peut parler avec des gens passionnés et c’est le plus beau cadeau », sourit Andréa. Des journées réglées à la seconde. Réveil à 6h, dix minutes de préparation, lit au carré, respect aux supérieurs, travaux d’intérêt général, sport puis l’après-midi, échanges avec les différents corps de métier : maîtres chiens, pompiers, tour de contrôle, hangar… « On sent la fatigue mais ce sont des moments inoubliables. Ça m’a donné la rage, j’ai envie de tout exploser ». Une détermination qu’elle compte mettre au profit de son objectif de devenir pilote d’hélicoptère bombardier d’eau au Chili.
Le Chili, pays de cœur
Derrière ce projet, une histoire. En 2016, elle part un an avec ses parents à Viña Del Mar, au Chili. Ne parlant pas un mot d’espagnol, elle intègre l’équivalent d’une classe de CE2 en France. Une expérience qui bouleverse l’adolescente. « J’ai un lien très fort avec les Chiliens. Mes copines m’ont appris la langue, m’ont prise sous leurs ailes alors que je ne prononçais pas un seul mot au début ». Un projet mené par son père, qui se déplace désormais chaque année dans le pays sud-américain pour organiser la formation incendie. Il fait partie du groupe de pilotage national pour la lutte contre les incendies de forêt au Chili. Andréa y est retournée deux semaines fin 2023. Un voyage qui la perturbe de nouveau.
« Le Chili est très touché par les incendies. C’est ce qui m’a motivée à vouloir être pilote de bombardier d’eau. Dès qu’un incendie se déclare là-bas, je ne suis pas tranquille. En février 2024, il y en a eu un très gros. Je n’ai plus de nouvelles d’un ami dont j’étais très proche, je n’ai pas envie de vérifier sa mort », confie-t-elle.
Alors elle vit à cent à l’heure pour y arriver. Elle a révisé son BIA en parallèle de ses cours. Elle fait également partie de la brigade des jeunes du Chili (équivalent Jeunes Sapeurs Pompiers en France) dont elle reçoit les cours à distance. Andréa compte travailler tout l’été pour financer un nouveau billet pour le pays sud-américain. Même si son envie est d’être dans les airs, elle reste malgré tout terre à terre : « Je m’applique dans mon travail pour obtenir le meilleur bac possible et me rabattre sur autre chose si je n’arrive pas à atteindre mon projet ». Mais si elle réussit, « j’arroserai mes amis depuis le haut », s’amuse-t-elle.