« On n’est pas là pour bétonner le Doubs, ni le déplacer ». Le ton est donné. L’EPAGE HDHL a tenu une réunion publique le 28 novembre afin de présenter son projet de restauration du Doubs, entre les communes de Doubs et d’Arçon. Sur place, des représentants de l’EPAGE, des élus des deux communes et surtout une quarantaine d’habitants, plus ou moins inquiets de l’ampleur des travaux. « C’est un très gros projet, on voulait une totale transparence », explique Olivier Billot, 2e vice président de l’établissement public.
La première étude date de 2018, portée depuis la confluence du Drugeon, jusqu’au défilé d’Entre-Roches, soit 24km. « On ne voulait pas s’attaquer à une si grande distance, donc on a fait des tronçons. Celui entre les communes de Doubs et d’Arçon est une phase test. Si le résultat est positif, on continuera plus loin », détaille Olivier Billot, soit un travail sur 3km.
Resserrer le lit du Doubs
De cette étude est ressortie une qualité biologique faible, due à un enfoncement du lit du Doubs de 70 à 80 cm. « Plutôt que de couler sur des graviers, l’eau passe directement sur la roche. Sauf qu’on est sur du calcaire ici donc l’eau s’infiltre directement », analyse Jean-Noël Resch, chargé de mission Eau, milieux aquatiques à l’EPAGE HDHL. À cela s’ajoutent des assèchements intensifiés. L’objectif est alors de resserrer le lit du Doubs pour obtenir un filet d’eau plus lointain.
Pour ce faire, l’EPAGE va travailler en amont et en aval du Pont des Oyes, situé sur le chemin du train. Avant ce pont, très peu de pertes d’eau sont observées, mais après, l’étude a constaté 40% de pertes du débit. Des banquettes minérales en amont, végétales en aval, seront installées afin de resserrer l’écoulement en période d’étiage. Des amas de blocs abris seront placés des deux côtés afin de créer des habitats piscicoles. Une recharge sédimentaire sera déposée uniquement en amont du pont.
Ce qui sera ajouté dans le lit du Doubs, va augmenter la hauteur de l’eau. « Notre vocation n’est pas d’aggraver le risque d’inondation sur la partie basse du village d’Arçon », explique Jean-Noël Resch. « La modélisation qui nous est proposée, c’est-à-dire à crues identiques, avant et après travaux, indique un différentiel entre les deux sur l’équivalent d’une crue biennale de -8cm, sur une crue centennale, qu’on n’a pas encore connue, de -2cm », tente de rassurer Olivier Billot.
Que va devenir le canal ?
Autre point d’inquiétude des habitants, le devenir du canal. « On ne va pas condamner et fermer le canal. Il sera maintenu mais en période d’étiage, on va devoir privilégier, lorsque le débit sera plus faible, le lit principal. C’est simplement un effet seuil. À un moment donné, au-dessus d’un certain seuil, le canal sera alimenté en permanence comme c’est le cas aujourd’hui. Passé ce seuil, ce sera le bras principal qui sera privilégié. C’est vraiment réglementaire, c’est la loi sur l’eau qui nous l’impose », détaille le 2e vice-président de l’EPAGE. Ce seuil pourra être modulable après constat. Si il y a besoin de le remonter ou de l’abaisser, ce sera fait au travers de travaux menés par l’établissement public.
Une approche collective
Ce projet de restauration a été pris en consultation avec les différentes communes, les collectivités, mais aussi les cinq exploitants et les 51 propriétaires privés. « Rien est imposé. On a pris le temps de discuter avec tous les exploitants présents sur le secteur, qui ont tous signés, ainsi que les propriétaires », affirme Olivier Billot avant de se tourner vers les habitants : « Maintenant, on ne fera pas sans vous. C’est une opportunité qui s’offre à vous et à nous. Si il y a un blocage, les fonds iront ailleurs. On n’y reviendra pas en 2027 ».
Si le projet est mené à son terme, l’objectif de l’EPAGE est ambitieux. « Si la météo nous le permet, on envisage de porter la totalité des travaux sur l’année 2025 compris entre le 15 avril et le 15 octobre, lorsqu’on peut intervenir sur les lits du Doubs. Encore une fois, c’est la loi sur l’eau qui nous l’impose », indique Olivier Billot.