Besançon. Les Convois Solidaires sont partis sur les routes d’Ukraine pour venir en aide à la population

Association humanitaire de soutien à l’Ukraine, Les Convois Solidaires sont repartis en voyage pour une semaine intense, chargés de dons. Huit camionnettes pleines à craquer, 15 bénévoles et une traversée de l’Europe pour venir en aide à la population ukrainienne.

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Association Les Convois Solidaires - Ukraine

La semaine passée, les Convois Solidaires, association humanitaire fondée en 2022, sont repartis en mission pour un voyage record. Quinze personnes pour huit camionnettes chargées à bloc de matériels ont traversé l’Europe pour venir en aide à la population ukrainienne.

Les bénévoles des Convois Solidaire préparent leur départ, le 10 avril.
Les bénévoles des Convois Solidaire préparent leur départ, le 10 avril.

Le 10 avril, dans un immense hangar, l’association des Convois Solidaires se prépare pour un nouveau grand départ. Plus d’une vingtaine de bénévoles sont sur place pour charger les camions qui partiront dans la nuit. L’association traverse la frontière ukrainienne depuis août 2023 et enchaîne désormais les voyages humanitaires. Mais celui-ci a un goût particulier : « depuis trois semaines, le feu s’abat sur l’Ukraine. Poutine menait une guerre, aujourd’hui il veut les exterminer. » confie Daniel Federspiel, président bénévole de l’association Les Convois Solidaires. Pour autant, les membres de l’association ne sont pas craintifs : « nous ne sommes pas des kamikazes. Nous avons une assurance véhicule et civile qui couvre l’ensemble des bénévoles ainsi que des laissez-passer de circulation en Ukraine. De plus, on reste toujours à proximité d’un hôpital. », explique le président des Convois Solidaires. Au sein de cette équipe aguerrie, Yves et Philippe prennent part à leur sixième mission en Ukraine quand le globe-trotteur Claude Donier-Meroz signe ici son 43e voyage humanitaire à travers le monde.

Des bénévoles fabriquent des filets de camouflage, destinés aux Ukrainiens

Des filets pour contrer l’œil des drones

Alors que les camions se remplissent, des bénévoles tissent des toiles intrigantes. Des filets de camouflage pour être plus précis, conçus à partir de petites bandes en tissu qui ont la particularité de couper les émissions de chaleur. Elles permettent de passer inaperçu aux yeux des caméras thermiques, notamment utilisés par les drones russes. Les Ukrainiens s’en servent de capes ou pour protéger leurs fenêtres : « C’est un travail fastidieux, on peut mettre 15 jours pour faire une grille. », souligne une bénévole. Une technique rapportée d’Ukraine où cette pratique est désormais universelle.

Une semaine de route pour maintenir l’espoir au milieu des bombes

Partis dans la nuit du 10 au 11 avril, les bénévoles passent la frontière ukrainienne le matin 12 avril après avoir passé la nuit dans un hôtel situé à Krasiczin en Pologne. Première contrariété : l’un des véhicules tombe en panne à leur départ de Pologne. Il est laissé sur place, ils partent alors à 7 véhicules. Leur première destination est Lviv, situé à l’ouest du pays aux abords de la frontière polonaise. Ils y laisseront l’une des membres les plus âgées du groupe, qui souhaitait voir ses cousins « une dernière fois ». Ils font également un arrêt par les services civiques de secours de la ville afin de leur offrir trois drones pour se former.

Un peu plus de 600 kilomètres plus tard, ils passent par Kryve Ozero et Liubashivka, deux petites villes situées à l’est du pays, dans l’oblast d’Odessa. Ils y ont laissé deux camionnettes et demie de matériel médical (seringues, pansements, béquilles, etc.), des extincteurs et d’autres équipements. Mais également une trentaine d’ordinateurs dans un centre informatique : « Ils nous ont été fournis par l’association Saint-Vit Informatique. », précise Daniel Federspiel.

Un vélo Tandem a été remis à une association sportives pour malvoyants.

Destination finale : Odessa, troisième ville la plus peuplée du pays. Une zone qu’ils connaissent particulièrement : « On n’est pas en terrain inconnu, c’est rassurant. On arrive chez des amis. », sourit le président qui en est à son sixième voyages en Ukraine. Ils restent deux jours sur place au contact de la population, et ainsi leur déposer des produits médicaux, des extincteurs, de la nourriture et près de 2,5 tonnes de nutrition entérale (à injecter directement dans le tube digestif)dans un hôpital. « Les poches ont été récupérées auprès de prestataires de service. Pas utilisées, elles ne sont pas remises à la sécurité sociale. » explique Valérie, bénévole à l’origine de l’initiative. Autre élan de générosité, le champion de course à vélo pour malvoyants, Stéphane Giorgani, a donné à l’association un vélo tandem, offert sur place à une association sportives pour malvoyants. Pendant leur traversée, ils ont également tenu à offrir aux enfants ukrainiens des œufs en chocolat, afin qu’ils puissent fêter dignement la fête de Pâques.

« La nuit de dimanche a été un déluge de feu »

En pleine zone de conflit, le voyage de nos humanistes n’est pas sans tensions : « La nuit de dimanche a été un déluge de feu sur le port en face de notre hôtel, mais celle de mardi à mercredi a été encore plus secouée, avec encore plus d’alertes et de tirs. », nous transmet Daniel Federspiel depuis l’Ukraine. Au moment de boucler cet article, leur retour était prévu entre le 18 et le 19 avril.

L’association souhaite d’ores et déjà repartir au mois d’août, vous pouvez soutenir leurs actions ici : https://www.helloasso.com/associations/les-convois-solidaires

Un vidéaste breton filme l’aventure

Julien Ralys, télépilote et vidéaste originaire d’Acigné (Ille-et-Vilaine) en Bretagne, a rejoint l’aventure aux côtés de l’association bisontine. Un ami à lui, membre de l’association et basé sur Besançon, a commencé une collecte de drones afin d’en fournir et former les pompiers de Lviv. Le Breton rejoint l’association et s’implique de son côté en récoltant du matériel depuis chez lui. « Un article est paru dans Ouest-France à propos de cette initiative, et nous avons reçu cinq drones pour les Ukrainiens », raconte Julien Ralys. C’est une première pour lui ce voyage en Ukraine : « Je n’ai pas d’appréhension. Je me sens très bien encadré, l’équipe a de l’expérience », explique-t-il. Ainsi, il a déposé trois drones aux services civiques de secours de Lviv et a suivi le reste du groupe afin de filmer le voyage : « Je vais faire un petit film documentaire sur ce voyage et les actions des Convois Solidaires ».