Suivre les chemins du maître du réalisme
Depuis sa naissance à Ornans en 1818 jusqu’à son exil en Suisse et sa mort en 1877, de nombreuses biographies ont relaté le chemin personnel et artistique de Gustave Courbet. Le peintre n’était pas avare de se raconter à ses contemporains. Il a su construire son image d’artiste et sa vie dans des écrits et des témoignages souvent imprécis et aux demi-vérités. Contrairement aux artistes de son temps, il se montrait au monde. L’exposition le suit tout au long de sa vie.
L’origine de son monde
Il se présentait comme « homme d’une indépendance entière des montagnes du Doubs et du Jura ». Il a joué de ce berceau rural. Peintre paysan ou rustre provincial, Gustave Courbet a pourtant une enfance privilégiée entre un père, riche exploitant agricole, électeur censitaire et une famille de notables de la vallée de la Loue.
Le parcours de l’exposition évoque l’artiste autodidacte ayant pour seul maître la nature, l’homme enraciné dans son pays et foulant les trottoirs de Paris en sabots. La production de jeunesse de Gustave Courbet est demeurée méconnue. Pourtant, il apparaît comme un peintre maître de son talent dès l’âge de 20 ans, malgré une faible formation artistique reçue auprès de Claude-Antoine Beau à Ornans et Charles Antoine Flajoulot à Besançon. Il part en 1839 « poursuivre sa destinée » à Paris.
L’ambitieux Courbet arrive à Paris
Il est l’archétype des personnages de romans, jeunes ambitieux de province montés à Paris à cette époque. Sa vie parisienne s’organise entre sociabilisation (auprès des membres de sa famille établis à Paris) et apprentissage artistique par la fréquentation des expositions officielles ou des ateliers collectifs. Gustave Courbet devient un visiteur assidu du Louvre ou du musée du Luxembourg où il s’exerce à la copie et construit son goût.
Cheminer vers le salon
Sa production entre 1840 et 1845 dénote des œuvres de qualités inégales, parfois remaniées par l’artiste pour réécrire son passé. L’exposition d’œuvres souvent méconnues témoigne de la production d’un peintre débutant dans une logique de filiation alors que Gustave Courbet est connu pour s’inscrire dans une logique de rupture. Au rythme de ses voyages entre Paris, Ornans ou la Normandie, il constitue un répertoire riche et une technique maîtrisée.
Dans son propre atelier dès 1843, Gustave Courbet souhaite trouver « un beau rang parmi les peintres et percer ». Sa progression est fulgurante et les portraits laissent la place à des œuvres plus ambitieuses. Pourtant, ses envois au Salon officiel sont tous refusés jusqu’en 1844.
Et Gustave…créa Courbet !
Dernière partie de l’exposition quand Courbet est enfin reçu à l’exposition en mars 1844. C’est un autoportrait de l’artiste dit « Courbet au chien noir » qui n’obtiendra pas le succès public et critique escomptés. Mais Gustave Courbet prend conscience de la valeur de ce genre pictural. Il va les multiplier.
Comment devient-on un grand peintre ?
Comment un fils d’exploitant agricole né dans un bourg rural parvient à se hisser au sommet du monde de l’art au milieu du XIXe siècle ? C’est à cette question que l’exposition imaginée et mise en scène par Benjamin Foudral, tente de répondre. Gustave Courbet apparaît ainsi comme le chef de file de la nouvelle peinture réaliste, ouvrant la voie à l’art moderne
Les 80 œuvres et documents rares dont 40 œuvres de l’artiste prêtées exceptionnellement réécrivent le récit des origines du peintre.
L’exposition « Devenir Courbet » propose de revenir pour la première fois sur une période décisive et déterminante pendant laquelle Gustave…est devenu Courbet.
Yves Quemeneur
+ d’infos
www.musee-courbet.fr – 1 Place robert Fernier 25290 Ornans – Exposition ouverte d’octobre à mai du mercredi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 17h, le lundi de 14h à 17h – de juin à septembre tous les jours sauf mardi de 10h à 18h. Tarif normal 6€, réduit 4€, gratuit pour les moins de 18 ans.