Doubs. Le Département vote un budget « contraint » de 676,5 millions d’euros pour 2026

Les élus du conseil départemental se sont réunis les 15 et 16 décembre pour voter le budget primitif 2026. Avec 676,5 millions d’euros, celui-ci reste conditionné aux choix financiers à venir de l’État. Les solidarités humaines demeurent la mission principale du Département, avec 364 millions d’euros alloués, mais constituent également l’un des principaux points de divergence entre majorité et opposition.

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Budget du Doubs
Crédit Photo : Florian Houtmann

Des désaccords profonds sur certains sujets, mais un constat global partagé par tous : le département du Doubs n’est pas maître de son budget. Une contrainte majeure alors que « 70 % de notre budget est dirigé vers des dispositifs et politiques imposés par l’État, qui ne compense pas ces dépenses à l’euro près », martèle la présidente Christine Bouquin. Après être entrée « en résistance » avec d’autres départements l’an passé au sujet de l’extension de la revalorisation de la prime Ségur, elle se dit désormais « vent debout » contre toute nouvelle mesure imposée à sa collectivité.

Dans ce contexte, pas question pour autant, selon la majorité, d’imaginer un budget départemental « qui ne serait pas à la hauteur ». « Tous les dispositifs sont maintenus ! Nous gardons notre cap », réaffirme la présidente. Avec une enveloppe totale de 676,5 millions d’euros, le Doubs prévoit 112,6 millions d’euros en investissement et 563,9 millions d’euros en fonctionnement.

L’opposition parle, elle, plutôt « d’écran de fumée ». « J’ai essayé de dire avec des mots très simples : on fait ce que l’on peut, avec ce que l’on a. Aussi volontaire soit-elle, la majorité compose avec des deniers qui viennent de l’État, et il y a beaucoup d’inconnues. Entre le budget voté en 2025 et celui de 2026, l’augmentation réelle n’est que de +0,3 %. En tenant compte de l’inflation, nous perdons des moyens pour mener les mêmes politiques. C’est là où nous aurions fait des choix différents », explique Raphaël Krucien.

364 millions d’euros pour les solidarités humaines

Par ses propos, le président du groupe Doubs social, écologique et solidaire cible la stratégie développée autour du « cœur » de la politique départementale : les solidarités humaines. Près de 364 millions d’euros sont alloués à différents dispositifs centraux, comme l’autonomie et les transports adaptés (168,5 millions d’euros), l’accompagnement des familles et des enfants (89,5 millions d’euros) ou encore le retour à l’emploi et l’insertion (94 millions d’euros).

Les débats autour de ce volet ont été les plus intenses. Jeanne Henry, élue communiste du canton de Besançon-4 et membre de la commission concernée, a allumé la mèche dès le lundi 15 décembre, en fin de matinée : « Cela fait quatre ans que je m’interroge. L’État impose et vous soutenez plus que vous ne dénoncez ce désengagement, porté par les partis politiques que vous représentez et qui imposent ces décisions nationales. L’État est responsable, oui, mais quelle est la vôtre ? ». De quoi irriter Christine Bouquin : « Vous plaisantez, j’espère ? […] Moi, je gère le budget du Département », lâche la présidente, avant de refuser d’importer « la politique nationale » dans ces débats.

L’opposition en a remis une couche l’après-midi, lors du vote sur le budget alloué à l’enfance et aux familles (89,5 millions d’euros). Reprochant à la majorité de construire une enveloppe « à 80 % » autour de la protection, l’ensemble du groupe Doubs social, écologique et solidaire a appelé à « plus de prévention ». « Il faut agir avant que la situation ne se dégrade. […] Ce budget est celui de la réparation. Une véritable prévention, c’est aussi réduire le coût de la protection », poursuit Jeanne Henry

La stratégie de prévention au cœur des débats

« On peut toujours mieux faire, oui, mais au regard du nombre de dispositifs que nous avons, nous répondons présent ! », répond Patricia Lime-Vieille, vice-présidente en charge de l’enfance et des familles. « Il ne faut pas oublier l’ensemble de nos collaborateurs, extérieurs au Département, qui agissent dans le cadre de cette politique. […] Ce n’est jamais assez pour vous ! », enchaîne Christine Bouquin.

Le lendemain, la présidente revient sur cette « divergence » lors d’une conférence de presse : « La politique des solidarités, ce n’est pas toujours une augmentation de budget. C’est mettre les moyens au bon moment, au bon endroit. J’affirme que le budget des solidarités correspond à la situation dans laquelle nous sommes. […] Avec nos choix autour de la protection maternelle et infantile (PMI), première porte d’entrée avant même la naissance d’un nouveau-né, nous sommes déjà dans l’accompagnement de la parentalité. Pour moi, la responsabilité familiale passe avant celle de la collectivité. »

« Qu’avons-nous d’autre que la prévention ? », questionne Raphaël Krucien. « Sur les grandes politiques de prévention, il y a une demande que nous n’arrivons plus à contenir. Certains juges déclarent qu’ils ne placent plus d’enfants car ils craignent un manque de moyens ! » Un sujet clivant jusque dans les rangs de la minorité, comme en témoigne le vote de ce rapport, adopté à la majorité avec deux voix contre et dix abstentions.

Un débat qui aura, à l’instar des deux jours d’assemblée départementale, mis en évidence deux camps politiques irréconciliables, sans réelle recherche de compromis. Au moment de voter le budget primitif 2026, le groupe Doubs social, écologique et solidaire s’est logiquement positionné contre. De son côté, le groupe Ensemble pour le Doubs, réunissant Frédéric Barbier et Martine Voidey, a suivi la majorité, qui a adopté le texte. Christine Bouquin prévient d’emblée : comme l’an passé, ce budget devrait évoluer après les décisions de l’État.