Doubs. Les poneys du Parc Micaud retrouvés au cœur d’un charnier animal  

Les enquêteurs de la SPA Franche-Comté ont été appelés à Ouvans samedi 16 mars. Dans une grange insalubre, les bénévoles ont découvert l'impensable : au milieu d’ossements, un cadavre de poney dévoré par deux chiens affamés et à l’abandon. Huit autres animaux dont quatre poneys connus pour les balades au Parc Micaud ont été sauvés et confiés à un refuge du département. La SPA a porté plainte.

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Les poneys ont été retrouvés entassés dans une stabulation insalubre. Photo SPA

Les balades sur le dos des poneys du Parc Micaud à Besançon ont fait le bonheur de centaines d’enfants. Leur disparition est liée à une descente aux enfers depuis plusieurs années et qui a été stoppée samedi 16 mars. Le jour où Marie-Jeanne Dromard maire d’Ouvans, contacte la SPA pour signaler des chiens errants, affamés et dangereux. « Ce n’est pas la première fois que je préviens leur propriétaire, ils cherchent à manger et saccagent tout, s’en prennent aux animaux d’autres fermes. J’ai pris un arrêté au début du mois car je craignais pour les jeunes enfants. J’ai appelé tellement de fois la gendarmerie… »

 Deux chiens dévorant le cadavre d’un poney

Des chiens errants masquant une effroyable découverte. Très vite Xavier Garcia et son équipe font le rapprochement avec les poneys du parc Micaud. « On comprend que le propriétaire à Ouvans est aussi celui qui garde les poneys d’une autre propriétaire, connue pour de nombreux signalements relevés sur les deux dernières années à l’Hôpital-du-Grosbois. Ça ne sentait pas bon, donc on s’est rendu sur place à cinq. », commente le responsable du pôle enquête maltraitance à la SPA Franche-Comté. L’équipe s’arrête devant une grange devenue taudis. « À travers les carreaux, on voit des chiens en mauvais état, colliers électriques autour du cou. Puis des crânes d’animaux dans le jardin, avec une odeur de cadavres en putréfaction. On s’arrête immédiatement, le temps d’appeler la mairie et la gendarmerie. » L’inspection se transforme en perquisition et le propriétaire des lieux arrive. « On voit très vite qu’il n’est pas lui-même. Il a essayé de cacher des choses sans succès. » ajoute Xavier Garcia qui en ouvrant une autre porte, tombe sur deux chiens mangeant le cadavre d’un poney. « Un trou dans le cou et dans le crâne. Il y avait aussi des excréments partout autour puis deux crânes de poneys dans la grange, sûrement dévorés aussi ».

Les animaux vivants relogés dans l’heure

Poursuivant leurs investigations, les enquêteurs découvrent ensuite une stabulation où sont entassés quatre poneys, couverts eux aussi de leurs propres excréments. « Ils ne pouvaient plus bouger, trop faibles et maigres. », raconte l’enquêteur de la SPA. Grâce à la rapidité et au réseau de l’association, les animaux sont transférés dans l’heure. L’antenne locale de l’association Canima, installée à Avilley, récupère quatre chiens et quatre poneys. Une cagnotte participative en ligne a été créée pour soutenir financièrement les soins des animaux. Si des contrats de cession ont été signés pour les chiens, les poneys doivent faire l’objet d’une réquisition judiciaire intentée par la SPA. « C’est un acte de cruauté ayant entrainé la mort », affirme Xavier Garcia. Si l’enquête le confirme, les individus en cause risquent jusqu’à 5 ans de prison et 75 000€ d’amende. La SPA a porté plainte en début de semaine dernière. Canima, La Fondation Brigitte Bardot et 30 millions d’Amis ont annoncé se porter parties civiles.

« Les poneys de Micaud c’était une institution », se désole Xavier Garcia, conscient que la maltraitance et la cruauté envers les animaux sont selon lui de plus en plus fréquentes. « J’occupe ce rôle depuis 2019 et ça arrive partout, en ville, à la campagne, à côté d’habitations bien entretenues. On repousse toujours les limites, ici c’était une nouvelle « première fois » que je voyais une telle scène. » L’an dernier, la SPA de Besançon a réalisé 126 enquêtes pour maltraitance et retiré 184 animaux.

Propriétaire des poneys du parc Micaud jusqu’en janvier 2016, Françoise Cantin ne cache pas sa colère. « Je n’arrête pas d’alerter tous les services possibles depuis 2019 et rien ne bouge, on attend un drame pour s’en étonner. J’aimais mes animaux et pensait les avoir confiés à quelqu’un de correct, tout avait été fait dans l’ordre. Ça me révolte et m’attriste de voir ça. J’en veux à beaucoup de monde d’avoir laissé faire. » Avec une autre question : en 2016, vingt équidés dont 17 poneys avaient été vendus. Quatre sont sauvés et cinq cadavres ont été retrouvés. Où sont les autres ?

M.S