En pleine préparation de la saison hivernale, alors que les premiers flocons de neige sont tombés, les stations de skis de la Région doivent aussi composer avec une sobriété énergétique qui risque de freiner l’activité touristique cet hiver sur le massif Jurassien. Tandis que les scénarios de coupures d’électricités cet hiver vont bon train depuis plusieurs semaines, les stations de skis sont réputées pour être très énergivores mais qu’en est-il réellement ?
Mercredi 30 novembre, Heero, une société spécialisée dans la rénovation énergétique, présentait une longue étude classant près de 70 stations françaises aussi bien des Alpes, du Massif central, des Vosges, du Jura et des Pyrénées en fonction de la consommation. Sur le massif Jurassien, les chiffres sont plutôt bons mêmes si les passoires thermiques sont réelles.
Bellefontaine, le meilleur élève
Les stations de ski étudiées comptent en moyenne 50 % de logements avec un diagnostic de performance énergétique F ou G. Dans 30 stations sur 70, plus de la moitié des logements sont des passoires énergétiques. Petite satisfaction : l’espace alpin Bellefontaine est le meilleur élève de l’étude ! Avec une part des logements énergivores va ainsi de 15 % la station jurassienne devance Markestein dans les Vosges. On retrouve également la station de La Combe Saint-Pierre (Jura) dans le top 5 de l’étude Heero.
« Les stations de ski qui ont la plus faible part de logements F ou G, inferieure à un tiers du parc, se trouvent plutôt dans les Vosges, le Jura et le Massif central. Plusieurs facteurs sont en cause : l’altitude, la zone géographique, l’âge de construction des bâtiments, avec un impact écologique et économique à prévoir dans les années à venir très différent selon les stations et les massifs » analyse Romain Villain, directeur général de Heero.
Les pagotins de Métabief rapidement concernés ?
L’entreprise notre également que le mode de calcul du DPE peut également avoir un impact non négligeable sur les mauvaises performances énergétiques des stations de ski. La consommation d’énergie est mesurée par m2. « Les studios et petits appartements, sont donc plus fortement pénalisés que les grands appartements, car ils consomment proportionnellement plus d’énergie par rapport à leur surface, avec les mêmes équipements de chauffage », note le rapport.
Certaines stations de ski pourraient être impactées par la Loi climat compte tenu de l’état de leur parc de logements. À compter du 1er janvier 2023, les logements G avec un DPE indiquant une consommation supérieure à 450 kWh par m2 seront interdits à la location. Ce qui pourrait être le cas de certains pagotins à Métabief. Un programme de rénovation thermique a été engagé par la municipalité.
Selon le rapport d’Heero, la station du Haut-Doubs compte 52% de logements considérés comme passoires. « A partir du 1er janvier 2025, tous les logements classés G seront concernés, puis à partir du 1er janvier 2028, les logements classés F seront sortis du parc locatif puis ceux classés E à partir du 1er janvier 2034 », précise Heero. Ce qui pourrait laisser le temps à d’autres de se mettre aux normes.
Choix drastiques pour limiter la casse
« On prend cher au niveau électrique », glisse un élu du Département à propos de la facture énergétique prévue pour cette saison hivernale à Métabief. Le fonctionnement annuel avoisine les 300 000 € sauf que pour cette saison, le Département a anticipé plusieurs scénarios avec un surcoût allant de 300 000 € « à 1,2 million d’€ dans le pire des cas, donc on va prendre des mesures très radicales pour limiter la casse ». Un fonctionnement de remonte-pentes réduit tout comme l’éclairage et de certaines pistes sont déjà des hypothèses qui pourraient être mises en place.
A Mouthe, les randonnées nocturnes annulées
Face au réchauffement climatique, les stations hivernales du massif jurassien ont engagé un long processus pour sortir d’une dépendance au ski alpin. La recette fonctionne grâce à une offre de ski nordique conséquente et une multitude de randonnées pédestres pour découvrir les merveilleux paysages de notre territoire.
Sur le territoire de la communauté de communes des Lacs et Montagnes du Haut-Doubs, on parle par exemple de 500 kms de pistes de ski de fond et 250 pour les raquettes. Pourtant cette année les randonnées nocturnes sont abandonnées du côté de Mouthe. La station veut éviter un problème avec un autre sujet chaud : le loup. Yves Maréchal le directeur, s’est exprimé sur la radio Plein Air : « on ne fait plus les balades le soir pour éviter de croiser le loup mais il ne faut pas pour autant effrayer les gens et qu’ils n’osent plus venir skier chez nous. On préfère attendre, ce n’est pas une mesure de sécurité, mais plutôt de tranquillité médiatique ».
80% de réservations
Côté office de tourisme, l’optimisme reste de mise grâce aux chiffres : 80% des logements touristiques sont déjà réservés pour Noël et les vacances de février selon Julien Vrignon, le directeur. Reste à savoir si la Neige elle, sera rapidement au rendez-vous.