Ce passage en 2025 laisse un étrange goût de retour en arrière. L’effet des fines bulles peut-être, de l’actualité surtout. Donald Trump élu président des États-Unis, Nicolas Sarkozy empêtré dans une incroyable et accablante série d’affaires judiciaires, des aides financières débloquées par l’État pour aider les agriculteurs au bord de l’implosion, c’est un air de déjà-vu pour les uns, une tradition pour les autres. Et si une soirée trop arrosée, couplée à une actualité rembobinée, avait totalement bouleversé François Bayrou au moment de former son gouvernement ? Élisabeth Borne revient cette fois comme ministre de l’Éducation nationale. Un poste pour lequel l’intéressée admet « ne pas être une spécialiste de ces sujets ». Pour un entretien d’embauche, on a connu mieux. Aurore Bergé est promue ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes alors que le bureau de l’Assemblée nationale a saisi la justice pour faux témoignage de sa part. L’ex-ministre des Familles est accusée d’avoir menti devant une commission d’enquête parlementaire, en déclarant n’avoir aucun lien avec une lobbyiste des crèches après le scandale dans ce secteur, révélé par le livre de Victor Castanet (Les Ogres, éditions Flammarion). Il y a aussi l’énigmatique réapparition d’Amélie de Montchalin. Elle, qui avait dû démissionner de son ministère en juillet 2022, faute de légitimité après avoir été battue aux élections législatives, doit désormais construire le projet de loi de finances du pays. Mais ces choix questionnables ont été relégués en arrière-plan par la nomination de Manuel Valls, ministre des Outre-mer. Mayotte subit l’une des pires catastrophes de son histoire, le Président Emmanuel Macron est bousculé par les habitants face au manque de réactivité de l’État et dans la foulée, François Bayrou décide de nommer Manuel Valls pour gérer la situation. Quelles conclusions doit tirer la population mahoraise d’un tel choix ? L’« homme de gauche » renié après avoir relancé l’utilisation de l’article 49.3, l’ex-socialiste érigé en traître au sein de son ancien parti, devenu macroniste en France puis de « centre-droit » en Espagne, pour marcher aux côtés de l’extrême-droite Vox, revient aux commandes d’un ministère français. Au moins deux personnes comprennent ce choix : François Bayrou et Manuel Valls lui-même. Pour le reste, la fatigue post-soirées de fin d’année se mêle à la lourdeur d’un monde politique toujours plus désespérant, ignorant ce ras-le-bol général toujours plus intense et alimenté par cette succession d’erreurs de castings, vécue par une partie de la population comme une énième provocation. Avec une conséquence, résumée par Jean-Luc Mélenchon dès 2012 : « […] à la fin ça se termine toujours entre eux (l’extrême-droite) et nous ». Retour vers le futur.