Etienne Pascal

Le président de la Fédération Régionale de l’Hôtellerie de Plein Air évoque l’évolution et les défis de sa profession alors que débute une haute saison sans doute très satisfaisante.

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Aujourd’hui, il n’est pas rare de disposer sur place non seulement d’un restaurant ou d’un snack mais aussi d’équipements comme une piscine, un spa, un jacuzzi… voire même un parcours accrobranche et de zones de jeux. Sans oublier bien sûr les animations. C’est ce qui permet d’obtenir entre une et cinq étoiles.

Où en est l’hôtellerie de plein air dans la Région ?

La région Bourgogne Franche-Comté compte 330 établissements d’hôtellerie de plein air dont la moitié environ sont membres de notre fédération. Ce nombre nous classe au milieu du classement national, à peu près au même niveau que la Lorraine ou le Val de Loire. L’hôtellerie de plein air est aujourd’hui en France le principal mode d’hébergement pour les vacances

On ne parle plus de campings ?

Les campings d’autrefois ont considérablement évolué depuis une vingtaine d’année. On parle d’ailleurs aujourd’hui d’hôtellerie de plein air ce qui explique déjà la montée en gamme. Même les emplacements de base pour tentes, caravanes et camping-cars ne sont plus ceux d’autrefois. Aujourd’hui, eux aussi se modernisent avec parfois leurs propres sanitaires ou des terrasses privatives ainsi que des installations électriques performantes. La location a aussi beaucoup évolué sur des hébergements comme les mobile-homes surtout mais aussi les chalets ou encore les hébergements atypiques et originaux comme des roulottes, des yourtes ou des cabanes perchées

Pas si kitsch finalement ?

On est loin de l’image populaire voir ringarde qu’ont pu avoir les campings par le passé en tout cas en France où beaucoup avaient une image négative de vacances bon marché sans plus… alors que déjà dans d’autres pays comme les Pays-Bas, la Belgique ou la Suisse, on considérait déjà le camping comme un moyen de se rapprocher de la nature. La France y vient petit à petit car l’image de nos établissements a beaucoup évolué. La crise sanitaire de ces deux dernières années y a finalement aidé en poussant les gens comme dans notre région à « sortir près de chez vous ».

Quel type de clientèle accueillez-vous ?

Dans la région, l’hôtellerie de plein air accueille des touristes d’une vingtaine de nationalités. Suisses, allemands, néerlandais, belges en majorité. Mais la nouveauté est cet afflux de régionaux voir de locaux. Si je prends mon exemple, dans mon établissement à Ornans, je reçois des gens de Besançon, Pontarlier et même d’Ornans ! ils viennent chercher découvrir nos prestations atypiques, sans avoir à faire des dizaines ou des centaines de kilomètres mais juste à deux pas de chez eux. Je précise aussi que toutes les catégories socio-professionnelles sont clientes. De l’ouvrier au ministre…en l’occurrence un ministre australien que j’ai reçu il y a quelques temps. Il a séjourné sous une tente et faisait son barbecue comme tout le monde.

Comment envisagez-vous l’avenir de la profession ?

Nous sommes dans l’obligation d’évoluer, d’être à la mode, donc d’investir. Ce que nous avons fait même durant cette crise grâce aux aides de l’Etat et de la Région. Cette innovation nous pousse vers plus d’insolite, plus d’équipements de confort, de loisirs ou d’équipements écologiques. L’hôtellerie de plein air est d’ailleurs le fer de lance de la transition écologique, l’activité qui en France s’en préoccupe sans doute le plus.

Vous le mettez d’ailleurs en pratique dans votre établissement à Ornans

A la Roche d’Ully en effet, nous avons reçu l’écolabel européen, obtenu d’après un cahier des charges de 160 points. Ça se traduit par les économies d’eau, dans les douches par exemple, la consommation électrique réduite, la non-utilisation de pesticides et de produits chimiques pour le ménage…et nous sommes aussi reconnus comme refuge LPO (Ligue de Protection des Oiseaux). Tous ces efforts sont de plus en plus recherchés et demandés par la clientèle. Je le constate bien au sein de la fédération nationale où je suis justement en charge du développement durable, un sujet sur lequel nous avons d’ailleurs de très bons rapports autant avec le ministère qu’avec la Région.

Rencontrez-vous comme d’autres des soucis de recrutement ?

Exactement comme dans la restauration. D’ailleurs nous avons pour la plupart d’entre nous dans nos établissement restaurant ou snack. Mais le problème est le même pour le personnel d’entretien ou d’animation. C’est très préoccupant et ça va obliger les gérants à compenser en ayant une charge de travail beaucoup plus lourde. C’est vraiment la galère cette année… Nous en avons alerté le gouvernement qui comme nous a la volonté de trouver des solutions pour ces recrutements. Il y a encore 30 000 emplois à pourvoir cette année dans notre branche d’activité !