Arrivé en tant que commercial au sein de l’entreprise Climent Matériaux, Claude Philippe est aujourd’hui le seul gérant de l’enseigne basée à Saône depuis 1967. L’ouverture en 2013 d’un second magasin à Pontarlier a permis de se rapprocher de ses principaux clients. A 51 ans, l’entreprise jongle fait face à l’actualité mouvementée. « Le blocage des ronds-points par les gilets jaunes et l’ambiance anxiogène, la crise sanitaire et maintenant la pénurie de matériaux couplée à l’inflation… », liste Claude Philippe.
« Quand la crise sanitaire est arrivée, nous nous sommes arrêtés une semaine, avant que le gouvernement se rende compte que le secteur du bâtiment ne pouvait pas rester bloquer. Mes employés m’ont immédiatement demandé de reprendre le travail, nous avons honoré tous nos marchés et la relation avec les clients a paradoxalement été amplifiée, c’est l’avantage d’être un petit groupe. Notre vitesse de réaction face à la demande croissante des particuliers a très bien fonctionné. Les gens ont redécouvert leur maison. », résume le gérant.
Le prix de production de carrelage bondit de 30%
Début 2022, la situation sanitaire s’améliore et l’entreprise pense rependre son activité sereinement. « Au lendemain du premier jour de guerre, à 9h, tous nos fournisseurs envoient un mail en expliquant que la production de carrelage serait immédiatement touchée. Les principaux matériaux viennent d’Ukraine et sont fabriqués en Italie. Les fabricants expliquent aussi que les prix vont exploser. Aujourd’hui l’augmentation en 5 mois est de 30% », poursuit Claude Philippe. A cela s’ajoute l’indexation du prix du gaz réévalué chaque semaine. « Mes fournisseurs font du commerce depuis la nuit des temps et je me dis qu’ils vont trouver une solution rapidement. Donc j’ai décidé de maintenir mes prix, sauf qu’il n’y a pas eu de solution. »
Pour contourner le gaz russe une solution à court terme est envisagée : transformer le gaz liquide. Des gisements en Algérie ont récemment été découvert quand du côté de la Turquie, l’autre gros producteur de carrelage, on limite les exportations de matières.
Des stocks triplés, une marge réduite
Concrètement pour Climent, malgré la possibilité de modifier les devis déjà signés en fonction du prix actuel des produits, l’entreprise a décidé de maintenir ses contrats tout en augmentant les tarifs d’environ 10 à 15% sur les futurs marchés. Une gestion de la clientèle qui pousse l’entreprise à taper dans ses marges et sa trésorerie. « Nous avons triplé notre stock pour compenser l’augmentation de prix et garder une avance sur les délais de livraisons qui ont considérablement augmenté. » Côté client, pour les particuliers la baisse de pouvoir d’achat impact seulement depuis juin l’entreprise. « L’effet de la guerre a poussé les gens à se précipiter chez nous les premiers mois, pour éviter de payer plus cher. »
Pas question pour l’instant d’envisager des licenciements ou du chômage partiel. C’est même l’inverse à Pontarlier où Climent cherche toujours un commercial, tout en restant tributaire de la santé du secteur immobilier. « Si le bâtiment tousse, nous on s’enrhume. », résume Claude Philippe. Sur ce point ce n’est pas dans le Haut-Doubs que Climent risque de tomber malade.
Martin Saussard