Comment se porte la chasse dans le Doubs ?
Le nombre de chasseurs poursuit sa baisse, en moyenne de 2% par an ces dernières années. Nous sommes 6800 aujourd’hui. Une érosion que l’on constate depuis 2004 où nous étions encore 10000. Depuis, nous avons perdu 30% des participants…
Une explication à ce phénomène ?
Nous sommes de plus en plus décriés voire attaqués donc certains arrêtent pour ne pas subir des réflexions continuelles et pesantes des amis ou parfois de la famille. La chasse est aussi de plus en plus réglementée ce qui fait renoncer des personnes qui ne supportent pas cette évolution. Donc aujourd’hui, même si des jeunes nous rejoignent, leur arrivée ne compense pas les défections. Dans le Doubs, la moyenne d’âge des chasseurs est aujourd’hui de 56 ans et globalement, nous sommes sur une dynamique négative, comme partout en France d’ailleurs.
Comment pouvez-vous inverser cette désaffection ?
Nous mettons en place des formations accessibles et des actions pour être attractifs. Il faut en effet innover, proposer des moments de découverte, montrer le lien fort que les chasseurs ont avec la nature. Nous devons être vigilants pour que la chasse reste également financièrement possible pour tous donc populaire.
Pour certains, la chasse a une image négative. Comment faire pour lutter contre cela ?
Il faut avant tout dire que la très grande majorité des chasseurs a un comportement vertueux. Mais comme dans toute société, il y a des gens au caractère et au comportement excessifs. La fédération lutte contre cela et prône une chasse éthique et apaisée, nous sommes donc vigilants tout en sachant que nous n’avons pas de pouvoir de police et de justice.
Concernant le petit gibier, on sait qu’il est aujourd’hui de plus en plus rare. Expliquez-nous ?
En effet, lièvres, perdrix, gélinottes, faisans étaient la base de la chasse pratiquée par beaucoup, individuellement, il y a quelques années. Ces espèces ont aujourd’hui peu à peu diminué pour ne pas dire disparu. Plusieurs facteurs l’expliquent comme le modernisme agricole et forestier, les collisions routières… Des chasseurs qui étaient habitués à cette pratique ont préféré arrêter car la chasse au grand gibier est différente, plus réglementée et moins libre. Mais elle est indispensable pour faire face à la présence importante de certaines espèces comme le chevreuil, le chamois ou le sanglier.
Leurs prélèvements sont-ils vraiment nécessaires ?
La nature a besoin d’équilibre et dès qu’une espèce est trop densément présente sur un territoire, cela pose de nombreux problèmes. C’est tout l’enjeu de la mise en place d’un plan de gestion qui va permettre de gérer le biotope tout en garantissant aux chasseurs le plaisir de leur loisir.
Loup et lynx sont-ils à réguler selon vous ?
La question ne se pose pas puisque la loi les protège. Nous les considérons comme des acteurs de la nature et non pas des concurrents, on doit donc composer avec eux tout en sachant par exemple que 2000 ongulés sont prélevés par les lynx chaque année dans le Doubs. C’est une donnée à prendre en compte.
Le renard est également une espèce qui fait débat…
Ne plus le chasser serait une erreur. Là où l’expérience a été faite, il a été plus présent, trop même, puisque la gale a proliféré et condamné 90% des individus alors que si une régulation avait été mise en place, il n’y aurait pas eu un tel affaiblissement. C’est tout l’intérêt et l’enjeu de la chasse. Nous ne sommes pas des gens insensés qui veulent détruire mais qui souhaitent gérer.
Comment espérez-vous voir évoluer cette gestion ?
Il faut une chasse adaptative c’est-à-dire que la présence de toutes les espèces soit adaptée en termes quantitatifs, sans espèces protégées. Donc être en adéquation avec le milieu naturel comme au milieu économique pour que cette présence ne nuise ni à l’un ni à l’autre et être en conformité, en nombre acceptable. C’est du bon sens écologique et sanitaire. Cette régulation, les chasseurs pourraient la prendre en charge mais aussi les louvetiers et les gardes particuliers.
Parlons sécurité…les chasseurs sont-ils dangereux ?
Dans le Doubs, depuis plus de 15 ans, nous avons mis en place une formation sécurité obligatoire, aujourd’hui reprise dans toute la France. Depuis que je suis à la tête de la fédération, nous n’avons eu aucun accident mortel dans le département et nous faisons tout pour que les chasseurs pratiquent en toute sécurité, entre eux comme vis-à-vis des autres utilisateurs de la nature. Nous avons d’ailleurs des relations apaisées par exemple avec les associations de randonneurs. Quand la discussion s’installe c’est bénéfique pour tout le monde. Malheureusement, la situation est souvent tendue avec des promeneurs individuels qui peuvent avoir des paroles et même des actes inacceptables.
La Fédération Nationale des Chasseurs mobilise
« Depuis quelques années, nous sommes l’objet d’attaques répétées des idéologues français et ceux de la Commission européenne. Ces attaques s’intensifient chaque jour un peu plus, et c’est dorénavant toute la chasse française qui est menacée, comme une bonne partie du monde rural » explique Willy Schraen, président de la FNC.
Un manifeste avec « 11 propositions essentielles pour l’avenir de la chasse française » a donc été créé avec une demande de reconnaissance de la chasse comme patrimoine culturel à l’UNESCO, la fin du financement des dégâts de gibier par les seuls chasseurs, le maintien de toutes les espèces chassables, la défense des chasses traditionnelles ou encore la liberté de chasser les week-ends, les vacances, les jours fériés, dans le cadre de la loi, en assurant une cohabitation sereine entre tous les usagers de la nature.