Vendredi 27 décembre. La neige est au rendez-vous, aucun nuage à l’horizon. Une journée rêvée pour les skieurs. Mais au pied du télésiège de Piquemiette, le silence règne. « Vous avez vu comme c’est calme », relève Aimé Sandona, gérant du magasin de ski Sandona Sport. En temps normal, de telles conditions auraient amené des milliers de skieurs sur ce secteur. Là, ils ne sont que quelques-uns à emprunter les pistes, malgré le panneau « Zone hors piste – non sécurisée. À vos risques et périls ».
Avec la fermeture du secteur Piquemiette annoncée en septembre dernier par le Département, la saison est particulière pour les commerçants de Jougne. « Je perds 1000€ par jour », relate Aimé Sandona qui gère son commerce depuis 50 ans maintenant. Le septuagénaire montre alors un tableau « ça c’est le chiffre d’affaires d’aujourd’hui ». Le résultat est sans appel : aucun montant n’est inscrit.
Lui qui s’est déjà beaucoup exprimé sur le sujet, ne souhaite pas en ajouter davantage. Il peut tout de même compter sur quelques habitués qui viennent le voir. « Dès que je pars dans les Alpes, je fais vérifier mon matériel chez lui », soutient Philippe, qui skie depuis de nombreuses années sur le secteur Piquemiette. « Il y a un côté plus technique avec des pistes rouges, noires, une piste de compétition. C’est triste que ce soit fermé », poursuit l’habitué. Alors pour aujourd’hui, il fera du ski de randonnée, « mais ce n’est pas moi qui vais sauver la station en buvant simplement un coup ».
« On essaie de trouver des solutions »
Un peu plus haut, Jérôme Tyrode, gérant du Chalet du pisteur, est également touché par la fermeture des pistes. « En 27 ans, c’est la deuxième fois que je vois de si belles conditions à Noël. C’était déjà affligeant en septembre quand ils ont annoncé la fermeture sans prévenir mais ça l’est encore plus avec ce temps. Habituellement, je reçois 200 à 300 personnes, là j’ai une quinzaine de réservations pour ce midi. Hier, seulement deux », témoigne Jérôme Tyrode.
Avec un restaurant au milieu des pistes, accessible par télésiège, la commune de Jougne a déneigé la route pour permettre de monter jusqu’au chalet. Préférant ne pas fermer définitivement, le gérant essaie de trouver des solutions : « On a eu peu de temps. Avec les conditions météo, il a fallu être réactif. Avant, c’était un self. On change de système avec des raclettes et des fondues. Il y a zéro skieur maintenant, on a récupéré le silence. Alors on joue là-dessus. Certaines personnes viennent pour profiter du paysage. Le cadre est magnifique ».
Un partenariat entre le Chalet du pisteur et Sandona Sport a par exemple été lancé pour proposer un programme fondue-raquettes à 28€. « On regarde également pour un circuit en motoneige. On bricole, on essaie de trouver des solutions », soulève le restaurateur.