Un dispositif souhaité par le Président de la République après les émeutes de l’été dernier
Expérimentées également à Valence (Drôme) et à Maubeuge (Nord), les Forces d’Action Républicaine ne s’arrêtent pas au combat contre les incivilités, l’insécurité et les trafics. Il s’agit aussi de faire travailler ensemble tous les acteurs des quartiers prioritaires (Etat, Police, Justice, Associations…) pour diminuer la précarité sociale, principal vecteur des violences liées aux trafics de stupéfiants.
6 semaines de diagnostic et 4 mois de travail de terrain
« Le travail contre les points de deal a porté ses fruits. Depuis octobre 2018, Planoise est passé de 28 points de deal à 3 ou 4 » a souligné Etienne Manteaux le Procureur de la République. La satisfaction des services de police et de justice doit être relativisée. Les modes de consommation ont évolué avec le « uber shit » (livraison à domicile). « Nous devons être plus offensifs dans la lutte contre les addictions, pour réduire la demande, agir sur les filières locales de blanchiment de l’argent de la drogue et lutter contre l’absentéisme scolaire ».
De son côté, Anne Vignot souhaite que « tous les acteurs agissent en cohérence, de façon systémique, en allant vers les populations les plus éloignées ». Pour la Maire de Besançon « les habitants de Planoise sont victimes de ces dysfonctionnements. Ils subissent les violences ».
« Nous devons agir essentiellement sur la prévention » poursuit Anne Vignot, qui refuse de mettre les moyens sur la répression (l’absence du développement des caméras de vidéo-surveillance par exemple régulièrement pointée du doigt par Ludovic Fagaut, conseiller municipal d’opposition).
Gilles Clavreul, Préfet en charge du développement des FAR en France veut « s’appuyer sur le travail des acteurs locaux, de la Ville, des associations et des services de police. Nous allons identifier ce que l’on peut faire de mieux ».
Accélérer les actions déjà engagées
Le diagnostic sur les problèmes de ce quartier est connu de tous les acteurs. Pourtant, l’Etat va à nouveau commander un nouveau diagnostic à des inspections centrales : l’Inspection générale des Affaires Sociales (IGAS), l’Inspection générale de l’Administration et l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche. Ils vont rencontrer les associations et les élus pour proposer des orientations à mettre en œuvre sous 6 mois. « Cette mission nationale sera réalisée localement en coordination avec la Maire de Besançon et le Procureur de la République » a insisté le Préfet du Doubs.
En janvier dernier, le quartier de Planoise a fêté le 1er anniversaire du « Pacte pour l’Emancipation des Jeunes de Planoise », préfiguration de l’action voulue par la FAR. Tout dernièrement encore, Fode Ndao, le directeur du Club Sauvegarde, a lancé la nouvelle saison de « la caravane des pieds d’immeuble », un autre exemple des actions pour améliorer la relation avec la police et ouvrir plus largement le sport aux enfants du quartier.
Il faut donc espérer que les « inspecteurs généraux » ne pousseront pas des portes déjà largement ouvertes.
Accompagner les mineurs en décrochage scolaire
« Ils deviennent les petites mains dans le quotidien des points de deal » s’inquiète Etienne Manteaux. « Devant la recrudescence de la violence, ces enfants de 13 à 15 ans deviennent les victimes collatérales des gangs ». Pour beaucoup, ils sont dé-scolarisés dans les établissements de Planoise. Sur ce sujet, Anne Vignot a la solution… « Nous devons insister pour que les habitants des communes périphériques de Planoise envoient leurs enfants au collège Voltaire pour gagner en mixité sociale ». Pas sûr que les parents adhèrent à ce projet !
La Force d’Action Républicaine, si elle a pour objet de réduire l’insécurité, les trafics et les incivilités à Planoise, doit s’attacher à résoudre les problèmes de précarité sociale et financière, les problèmes d’éducation et de mixité sociale.
« Il s’agit de répondre aux attentes et aux besoins de la population de ce quartier » a conclu Gilles Clavreul.
Sur les moyens financiers alloués au dispositif, le préfet coordonnateur des FAR est resté très évasif, renvoyant au contexte budgétaire difficile. « On engage cette action. Les décisions locales devront être accompagnées financièrement au niveau national »…une langue de bois qui laisse perplexe bon nombre d’associations de Planoise !