Besançon était encore une Ville libre du Saint Empire Romain Germanique
L’empire de Charles Quint couvrait un vaste territoire depuis les rives de l’Elbe jusqu’aux Portes de Rome et de Besançon jusqu’à la frontière hongroise. Sous l’impulsion de Nicolas Perrenot de Granvelle, Chancelier et Garde des Sceaux de l’empereur, originaire d’Ornans, Besançon, ville libre de l’Empire, connut une prospérité exceptionnelle, tant du point de vue économique (en moins d’un siècle sa population va croître de 50%) que du point de vue culturel.
Une exposition « Made in Germany »
70 tableaux germaniques de la Renaissance sont présentés au public en quatre sections. L’une est consacrée à l’art du portrait : on y découvre un étonnant portrait de Hans Maler, portraitiste allemand contemporain de Holbein et de Cranach qu’Amandine Royer, conservatrice des Arts graphiques du MBAA considère comme « le premier influenceur de la mode de la Renaissance ».
Les peintures sur bois d’inspiration médiévale et religieuse présentées reflètent l’importance de la foi dans le quotidien des femmes et des hommes du XVIe siècle.
Une troisième section célèbre Lucas Cranach (1472-1553) dont des œuvres majeures sont au cœur du musée de Besançon depuis le legs du peintre et collectionneur Jean Gigoux. Elle illustre également le lien historique particulier qui liait la Franche-Comté au Saint Empire Romain Germanique à la Renaissance.
Albrecht Dürer ou l’icône du temps
Les collections françaises de cette icône internationale de la Renaissance germanique ne sont pas très riches en œuvres de cet artiste (1471-1528). L’exposition bisontine en présente trois, soit la moitié des œuvres peintes par Dürer, conservées sur le territoire français.
Le peintre né à Nuremberg était, contrairement à beaucoup de ses contemporains, un artiste indépendant. Sa technique de peinture sur toile fine comme ses nombreuses estampes ont donné à Dürer une aura particulière.
Des restaurations de 5 000 à 25 000€
La majeure partie des peintures présentées à Besançon ont été peintes sur bois. Plus de 5 siècles après, ces œuvres sont très fragiles. Elles ont fait l’objet d’un transport très particulier en provenance de nombreux musées français et européens et certaines ont fait l’objet de restaurations coûtant jusqu’à 25 000€.
Un épilogue sur mesure à ne pas manquer
Le parcours se termine par la présentation exceptionnelle du « Livre de prières de l’empereur Maximilien 1er« . L’exemplaire unique imprimé sur parchemin est un chef d’œuvre du patrimoine bisontin, conservé à la bibliothèque municipale. L’empereur commanda à de nombreux artistes le soin de dessins originaux en ornementation des marges de pages. La fragilité de l’œuvre empêche son exposition régulière, il ne faut donc pas manquer cette présentation.
Trois musées pour une même histoire
L’exposition ambitieuse comporte deux autres volets, l’une concernant les peintures germaniques du Rhin Supérieur du XIVe au XVIe siècle au musée Unterlinden de Colmar, l’autre au musée des Beaux-Arts de Dijon consacrée aux peintures du Saint Empire Romain Germanique des XVe et XVIe siècles. C’est l’acharnement de la conservatrice du musée de Mulhouse qui a permis de concentrer en trois lieux une grande partie des 500 œuvres de la peinture germanique de la Renaissance conservées en France.
Yves Quemeneur
+ d’infos www.mbaa.besancon.fr