Près de 2500 habitants vivent entre le pont des Granges et la Chapelle de l’Espérance, territoire comme enclavé par la voie ferrée. Alors l’enjeu du futur PCS est à la hauteur de l’effet dominos que pourrait subir ce quartier. Le projet d’amélioration de la circulation au sud de Pontarlier a débouché sur la création future d’une deuxième voie dans le sens Suisse – Pontarlier entre le pont des Rosiers et le rond-point Malraux ainsi que deux autres giratoires, sur la même zone. À cela s’ajoute une seconde voie devant le commissariat de police de Pontarlier pour entrer dans le rond-point de la gare. Un chantier estimé à 20 millions d’€, qui doit permettre d’économiser jusqu’à 14 minutes de transport aux heures de pointe.
Les élus et habitants le savent, un tel gain s’étiole très rapidement avec les feux de circulation installés au croisement entre la RN57, la place Saint-Claude et la rue du Stand. « Au cours de l’enquête d’utilité publique pour cette entrée Sud de la ville, nous les avons interpellés, on voulait que les élus profitent de ce projet pour traiter cet accès. On n’a pas eu de réponse… », soupire Éric Delacroix, membre du comité de quartier Chapelle-Charpillot. Pour lui comme les autres habitants, le passage rue du Stand sous le pont de la SNCF reste un accès primordial et privilégié désenclaver leur quartier. Avec une hauteur limitée, sa largeur très étroite comme ses trottoirs empruntés par les passants et enfants souhaitant par exemple se rendre à l’école maternelle Raymond Faivre, l’accès a pris des allures de goulot aussi dangereux qu’essentiel.
Sous le pont de la SNCF, l’idée d’un sens unique
Dans son schéma, le cabinet d’études chargé du PCS propose de passer la rue du Stand sous le pont de la SNCF à sens unique, permettant aux véhicules de quitter la RN57. Pour y accéder en revanche, les automobilistes du quartier devraient désormais repasser par le pont des Granges, via la rue de Beaumont et des Argillers. Un détour de quelques minutes selon le cabinet, mal calculé et dangereux pour les habitants réunis au sein du comité de quartier Chapelle-Charpillot.
Surtout, cette modification du trajet pointe directement du doigt un autre problème : il s’agit du même chemin emprunté par les poids-lourds pour se rendre sur le site de Doubs Recyclage. Si le cabinet d’étude considère cette desserte comme « résidentielle », Jean-Marc Péchoux lui, fulmine. « Plus de 60 camions par jour, des 44 tonnes ou porte-conteneurs roulent sur des routes totalement inadaptées pour de tels engins, notamment devant l’école maternelle et ils ne peuvent jamais se croiser sans avoir à manœuvrer pour passer. Et le ville voudrait ajouter une bande cyclable sans régler ce problème ?! C’est un miracle qu’il n’y ait encore jamais eu de catastrophe ! ».
Pendant une semaine, les experts ont recensé une cinquantaine de passages de poids-lourds sur un secteur où il faut réorganiser la circulation tout en prenant en compte le budget limité du programme. « Comme dans tout changement, il y a des gagnants et des perdants mais cet aménagement doit bénéficier au plus grand nombre. On a imaginé quelques pistes bien sûr, mais les coûts sont beaucoup trop gros pour la collectivité. », résume une source proche du dossier.
Fin de la concertation le 30 avril
Lancée en mars, la concertation publique sur ce projet prend fin le 30 avril. « Si on ne montre pas notre colère face à ce projet, nous allons perdre un accès qui peut très bien redevenir fonctionnel. Il faut juste de la volonté », insiste François Tournier également membre du comité et habitant du quartier. Des solutions, le collectif en a : « par exemple, en détruisant les trottoirs sous le pont de la SNCF, il y a la place pour circuler librement dans les deux sens. Pour les vélos et piétons, d’anciens passages sur les voies ferrées peuvent être remis en place, comme à Étalans par exemple », assure Éric Delacroix.
Encore faut-il obtenir un accord avec la SNCF. Le maire, Patrick Genre a tenté en vain, il y a quelques années. « Ça n’empêche pas d’essayer à nouveau. », rétorquent les habitants. La validation du PCS est prévue pour juillet et son application progressive jusqu’en 2027. D’ici là, les habitants comptent bien tout faire pour motiver les élus à repenser le programme sur leur quartier.
M.S