« Vauban a encore quelque chose à nous dire »
Les propos d’hommage au génial architecte de Louis XIV pouvaient surprendre dans la bouche de la Maire écologiste de Besançon. Architecte militaire, Vauban construisait aussi ses remparts et ses citadelles pour préserver les populations civiles des assauts ennemis. Vauban était aussi un précurseur des « circuits courts ». Sourcilleux de ne pas gaspiller l’argent public, il construisait bastions, tours et remparts en…recyclant… d’anciens bâtiments et en s’approvisionnant dans les environs de chaque chantier. Soucieux des paysages, ses citadelles s’intégraient dans l’environnement.
Anne Vignot « veut préserver notre histoire collective ». Propos étonnant de la part d’une adepte de la déconstruction de notre histoire millénaire !
La Maire de Besançon, et aussi Présidente du réseau Vauban, a insisté sur les valeurs universelles et d’ouverture au monde portées par l’UNESCO. Structure culturelle de l’ONU créée au sortir de la seconde guerre mondiale, la mission de l’UNESCO est de contribuer à l’édification d’une « culture de paix fondée sur l’éducation, les sciences et la culture ».
Un long combat pour obtenir l’inscription UNESCO
Invité d’honneur de cet anniversaire, l’ancien Maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, fut à l’origine du projet d’inscription de la Citadelle de Besançon au patrimoine mondial. Son émotion était palpable dans l’évocation d’un long combat.
Première étape de ce combat. Il fallait oublier la spécificité de la citadelle de Besançon et imaginer la réunion des sites majeurs sur toute la France des protections militaires de Vauban. C’est ainsi qu’est né « le réseau Vauban ». Jean-Louis Fousseret a évoqué un long travail de 3000 pages pour présenter le dossier. Il n’aura eu au final que 5 minutes pour convaincre les ambassadeurs du monde entier réunis au château Frontenac à Montréal. Au dernier moment, deux sites ont dû être retirés de la présentation (le château de Bazoches, lieu de résidence de Vauban dans l’Yonne et la citadelle de Belle-Ile-en-mer dans le Morbihan pour laquelle Vauban n’aura ajouté que quelques modifications). Jean-Louis Fousseret salue l’action décisive de Jacques Chirac dans le choix français.
Certains pourront regretter que l’ancien maire de Besançon n’ait pas été au bout de la démarche en modifiant le statut de fonctionnement de la Citadelle de Besançon. Gérée en Régie municipale (simple service de la direction culturelle de la Ville) la Citadelle de Besançon devrait s’orienter vers un Etablissement Public à Caractère Culturel, présentant un projet culturel et commercial à long terme, doté d’une autonomie de gestion et d’un large financement. Elle plafonne aujourd’hui à moins de 300 000 visiteurs par an malgré l’énergie déployée par son directeur Alexandre Arnodo et son équipe.
Des éoliennes pourraient supprimer le drapeau de l’UNESCO flottant sur la Tour de la Reine
Jean-Louis Fousseret l’a rappelé. « L’inscription du réseau Vauban au patrimoine de l’UNESCO rend solidaires les 12 sites. Un seul site disparaît et c’est l’ensemble du réseau qui perd son inscription ». La question est en suspens du fait d’un projet de parc éolien au large de la Citadelle de Saint Vaast-le-Hougue en Normandie.
Enfin, l’accès à la Citadelle de Besançon reste un handicap même si « par définition, une citadelle doit être imprenable ». La question d’un téléphérique ou d’une télécabine évoquée par Alexandra Cordier lors de la campagne des municipales de 2020 reste posée. Malgré le succès de ses trois musées (musée comtois, parc animalier et musée de la Résistance et de la Déportation – réouvert le 8 septembre prochain), l’attrait pendant la saison estivale des soirées au Qinzé, les concerts et cinéma en plein air, la Citadelle de Besançon peine à devenir un lieu culturel et d’animation majeur en France. Il faut pour cela un vrai projet loin d’une gestion « municipale et administrative ».
Yves Quemeneur
+ d’infos
Les 12 sites majeurs de Vauban inscrits au patrimoine mondial de l’Humanité sont : la Citadelle d’Arras dans le Pas de Calais, celle de Besançon, l’enceinte urbaine et les forts de Blaye-Cussac en Gironde, l’enceinte urbaine de Briançon dans les Hautes-Alpes, la Tour dorée de Camaret dans le Finistère, la ville neuve de Longwy en Meurthe-et-Moselle, la place forte de Mont-Dauphin dans les Hautes-Alpes, la citadelle de Mont-Louis dans les Pyrénées-Orientales, la Ville neuve de Neuf-Brisach dans le Haut-Rhin, la citadelle de Saint-Martin-de-Ré en Charente-Maritime, les tours de Saint Vaast-la-Hougue/Tatihou dans la Manche et le fort de Villefranche-de-Conflent dans les Pyrénées-Orientales)