Les marrons du feu

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On aurait tort de croire que nos grands mots restent figés pour demeurer à jamais.
Ainsi l’expression « tirer les marrons du feu » qui connait aujourd’hui un regain
d’actualité tant, sous nos climats, les feux embrasent nos campagnes… électorales.
À l’origine, l’expression signifiait que l’on s’exposait au danger ou que l’on se donnait
grand peine au bénéfice d’autrui. Cette posture fut vite jugée plus rigolote qu’utile,
plus stupide que vraiment avantageuse. On l’abandonna bien vite quand la
générosité mourut un soir foudroyée par des compromis sans vertu.
Jean de la Fontaine avait promu la méthode : le Chat tirait délicatement les marrons
du feu, prenant grand risque de se brûler les pattes, avant que le Singe ne l’escroque
et les croque.
Dans la fable, le chat s’appelle Raton. C’était un mauvais début. Mais il est vrai que
Chaton, plutôt réservé aux minauderies d’alcôve, eut porté à soupir et à sourire.
Le sens premier de cette expression a évolué avec le temps qui passe et quelques
échanges de marrons en pleine poire. Probablement le plus souvent mérités. Mais
est-ce à moi d’en juger ?
Ainsi dans sa version actualisée 2.0 « tirer les marrons du feu » décrit un
comportement opportuniste où l’on profite d’une situation pour bénéficier de divers
avantages. Plus de Chat, plus de Singe, plus de patte brulée apaisée dans La
Fontaine, plus de cris ni chuchotements, juste une entourloupe bien ficelée et on
passe à la caisse.
Voilà qui en dit long sur l’évolution de la moralité dans notre société où la bonté et
l’émotion empathique ont laissé place au profit immédiat et à l’attaque à l’arme
blanche.
Je m’énerve pas, j’explique.

Par le Docteur Gérard Bouvier