Les communautés de communes du Grand Pontarlier et de Frasne Drugeon représentent les plus grandes surfaces de tourbières du massif du Jura. « Il y a d’autres grandes surfaces sur le Haut-Jura mais elles sont plus dispersées. Ici, elles sont concentrées dans la vallée du Drugeon », souligne Geneviève Magnon, chargée de missions des zones humides à l’EPAGE HDHL. Dans le cadre du programme européen LIFE Tourbières 2014-2021 (L’Instrument Financier pour l’Environnement), sept tourbières du Grand Pontarlier ont été restaurées.
Ces zones humides colonisées par la végétation dans un milieu saturé en eau sont des alliées pour lutter contre le changement climatique. « Elles ne représentent que 3% de la surface terrestre mais elles stockent 30% du carbone mondial des sols. Quand elles sont drainées, asséchées, elles relâchent énormément de CO2. Le carbone piégé dans la tourbe va être aéré comme il n’y a plus assez d’eau ».
Trois siècles de détérioration des tourbières
Les tourbières ont été abîmées le plus souvent par drainage, pour exploiter la tourbe aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Les travaux du programme européen LIFE 2014-2021 sont terminés et ont permis de « revenir sur les trois derniers siècles qui ont considérablement abîmé les zones humides dans leur ensemble », précise Geneviève Magnon. Dans le Grand Pontarlier, les équipes sont venues boucher des fossés de drainage et reméandrer des cours d’eau sur sept tourbières : La Grande Seigne (Houtaud/Les Granges-Narboz), Mont de Voyon (Les Granges-Narboz), la tourbière du Frambourg (La Cluse et Mijoux), le marais de la Censure (Chaffois), la Seigne (Sainte-Colombe), Le Bief Rouget (Houtaud) et le Bief Voulain (les Granges-Narboz/Sainte-Colombe).
Le plus gros chantier s’est réalisé sur deux ans dans la tourbière de la Grande Seigne, située derrière l’aérodrome d’Houtaud. « Il y avait des grandes fosses d’extraction de la tourbe, des fossés de drainage. On a fait des très grandes digues pour retenir l’eau dans la tourbière ». Pour les Bief Rouget et Bief Voulain, des reméandrements ont été effectués respectivement sur les parties médiane et à l’aval. Le marais de la Censure a été « remis en eau en restaurant une ancienne digue qui a ré-inondée la tourbière ». Pour celle du Frambourg, un gros fossé a été bouché, un autre périphérique fait l’objet du nouveau programme LIFE 2022-2029. Des fossés de drainage ont également été bouchés au Mont de Voyon ainsi que dans la Seigne, où un cours d’eau a aussi été reméandré.
Un impact direct sur 70 hectares
Le programme LIFE 2014-2021 était réservé aux sites Natura 2000, l’objectif se tournant essentiellement vers la biodiversité, mais il a permis de remettre de l’eau à la surface du sol sur 70 hectares. « Il s’agit de l’impact direct c’est-à-dire à très court terme. On sait qu’avec le temps l’impact sera beaucoup plus grand. On considère qu’une tourbière drainée émet 25 tonnes équivalent CO2 par an et par hectare. Si on a restauré 70 hectares, ce sont 70 ha multipliés par 25 tonnes qu’on évite d’émettre chaque année », souligne Geneviève Magnon.
De 2014 à 2021, 52 tourbières du massif jurassien ont été restaurées, dont la très connue tourbière du Fort Bonnet de Frasne, qui représente 191,2 hectares de surface tourbeuse. Un nouveau programme LIFE Climat de 2022 à 2029 n’est plus réservé uniquement aux sites Natura 2000 et doit permettre de lutter encore davantage contre le changement climatique. Deux nouvelles tourbières de la CCGP sont visées par ces études et travaux : Frambourg tranche 2 (La Cluse et Mijoux) et le marais de Champs Guidevaux-Loitière (Bannans/Sainte-Colombe).
