Michel Mesnier, président du Syndicat Apicole du Doubs

Les abeilles. Ces discrètes travailleuses ont un rôle primordial pour la sauvegarde de notre biodiversité. Encore faut-il que les humains comprennent que le destin de ces insectes et lié au leur. En véritables vigies, les apiculteurs ont eux aussi un rôle important pour alerter la population.

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" Notre alimentation ne serait pas ce qu’elle est sans ces petits insectes… on ne mangerait que des nouilles et des patates !"

Les abeilles sont-elles en bonne santé dans le Doubs ?

Aujourd’hui, la situation n’est pas trop mauvaise. En tout cas, pas catastrophique comme celle que nous avons vécue l’an dernier où nous n’avons eu aucune récolte de miel suite aux conditions météorologiques défavorables. Les abeilles ont en effet besoin de pluie ou de soleil au bon moment, selon le rythme des saisons afin que la floraison se fasse et donc qu’elles puissent travailler. On peut se réjouir pour 2022, nous avons une bonne année avec des récoltes satisfaisantes. Mais à l’heure où nous parlons, les grosses chaleurs de juillet et août mettent nos abeilles en grande difficulté, plus de fleurs, donc pas de nectar…

 

Ces abeilles qu’on dit indispensables à l’homme, le sont-elles vraiment ?

Absolument ! Elles assurent en effet un maximum de la pollinisation dans la nature, c’est-à-dire qu’elles permettent la production de fruits, de légumes, de céréales…elles font le travail et assurent donc un bon rendement à ces cultures. On voit par exemple des professionnels installer des ruches dans leurs champs pour améliorer leur production de cerises. Et, notre alimentation ne serait pas ce qu’elle est sans ces petits insectes… « on ne mangerait que des nouilles et des patates ! » dixit Jean-Yves Cretin.

 

Indispensables mais souvent peu connues. Que sait-on des abeilles ?

Une ruche, c’est une reine, qui peut vivre jusqu’à 5 ans et peut pondre jusqu’à 2000 œufs par jour ; elle a autour d’elle de 50 000 à 70 000 abeilles qui n’ont une espérance de vie que de 30 à 45 jours au plus fort de leur activité puisqu’elles travaillent beaucoup et s’épuisent très vite. Enfin, autre chiffre, une ruche, sur plusieurs années, produit en moyenne 15 kg de miel par an. Du miel de pissenlit, d’aubépine, de colza ou fruitier au printemps puis d’acacia, de tilleul, de forêt et de montagne, de sapin ou toutes fleurs…

 

Quels sont les dangers qui les guettent ?

Comme tous les autres insectes, les abeilles sont menacées par les produits phytosanitaires. Notamment les néonicotinoïdes dont on a beaucoup parlé ces dernières années. Ils sont réputé protéger les plantes en agriculture mais tuent les insectes, tous, y compris les abeilles. Or, si on ne prend pas garde, c’est toute la chaine alimentaire qu’on brise donc il faut être très vigilant. On peut aussi évoquer le frelon asiatique, un ennemi dangereux qui peut décimer nos ruches. Les pouvoirs publics, comme dans le Grand Besançon, ont décidé de sensibiliser la population afin de signaler les nids et de les détruire rapidement.

 

Comment se porte l’apiculture dans le Doubs ?

Dans notre association, nous comptons environ 400 adhérents mais beaucoup d’autres exercent cette passion en dehors. Il y a de très nombreux amateurs, sans doute plus de 1000 dans tout le département, des personnes qui pratiquent l’apiculture comme un loisir. L’avantage de ce grand nombre de passionnés est d’assurer un bon maillage du territoire. Le fait que des ruches soient présentes aux quatre coins du Doubs favorise une bonne pollinisation et c’est très important pour la nature.

 

Comment aider les abeilles au quotidien ?

Tout simplement, en ne leur nuisant pas : En évitant d’utiliser des produits dangereux dans nos jardins. En optant pour les fauches tardives des pelouses et en laissant la nature vivre. Sans par exemple bitumer tout l’entourage d’une maison. Et en privilégiant des haies avec arbustes mellifères, plutôt que les tuyas comme autrefois. Nous avons en effet tous une responsabilité pour préserver la biodiversité.