« Nourrir, pas détruire ». Voilà le slogan scandé dans les rues de Pontarlier ce lundi 7 juillet. 80 personnes, selon la police, ont défilé pour s’opposer à la loi Duplomb. « C’est une loi qui se veut lever les contraintes agricoles mais qui va nous faire disparaître », alerte Laetitia Genty, maraîchère à Audincourt, membre du collectif de la Confédération paysanne, qui poursuit « elle promeut les fermes-usines qui dégradent l’environnement et menacent l’emploi des paysans ». Concrètement, cette loi propose de faciliter le stockage de l’eau pour l’irrigation des cultures et l’agrandissement des bâtiments d’élevage. « Elle accélère le développement des mégabassines. On privatise l’eau à certains agriculteurs alors que c’est un bien commun ». Ce qui crée notamment la polémique est la réintroduction de l’acétamipride sous certaines conditions. Ce néonicotinoïde, interdit en France depuis 2018, est toxique pour les pollinisateurs. L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a également estimé en 2013 que l’acétamipride risquait d’endommager le système nerveux humain, en recommandant toutefois des recherches complémentaires.
L’agriculture paysanne et les abeilles enterrées
Des paysans et agriculteurs de tout le Doubs se sont donné rendez-vous à Pontarlier. « C’est un des fiefs de l’AOP Comté, il y a aussi le bureau de permanence du député Eric Liégon (LR), qui fait suite à Annie Genevard (LR, actuelle ministre de l’Agriculture, ndlr). Toute la population agricole est représentée aujourd’hui avec des producteurs de Comté, des éleveurs de bovins, poules, chèvres etc.. ainsi que des maraîchers et apiculteurs ». Le cortège est parti de la gare, jusqu’à la sous-préfecture en passant par le bureau d’Eric Liégeon. Les manifestants ont symboliquement enterré « les abeilles et l’agriculture paysanne. On a emmené tracteurs, corbillard et on a construit un cercueil. On s’est mobilisé rapidement suite à la commission paritaire pour lutter pour le vivant, la santé et la science. On demande un revenu décent avec des prix minimums, une politique foncière forte pour éviter de tout bétonner et promouvoir l’agriculture paysanne contre l’agro-industrie ». Le texte est passé en commission mixte paritaire et a été adopté par le Sénat à 232 voix contre 103 le 2 juillet. L’Assemblée nationale a définitivement adopté la proposition de loi ce 8 juillet (316 voix contre 223).