Région : en 2021, moins de 1000 entreprises ont fait faillite, un niveau record depuis 30 ans

Le groupe Altares a dévoilé les chiffres des défaillances d’entreprises en Bourgogne-Franche-Comté pour l’année 2021. La baisse régionale globale est à nouveau impressionnante, avec -17,6% de dépôts de bilan et faillites d'entreprises. Parallèlement, dans le Doubs, ces mêmes défaillances ont augmenté de 11%. Une augmentation qui devrait s'accroitre dans le temps.

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Chaque année, le groupe Altares dévoile les chiffres des défaillances d’entreprises en France. Cette année, la Bourgogne-Franche-Comté poursuit sa baisse de défaillances. En 2021, moins de 1000 défauts (993), ont été enregistrés. C’est le niveau le plus bas depuis 30 ans, après un recul de 37 % observé en 2020. Si l’on peut se réjouir économiquement de cette baisse à court terme, les experts s’inquiètent déjà pour l’avenir.

Le « quoi qu’il en coûte » du gouvernement pour lutter contre la crise sanitaire a plus que bien fonctionné, comme en témoigne les chiffres de défaillances. Les mesures d’aide déployées à partir du printemps 2020 pour soutenir les entreprises en difficulté sont restées en partie actives en 2021. Par ailleurs, face à la résurgence des variants du Covid-19, le calendrier d’allègement de ces aides a été adapté. Dans ce contexte favorable, la région Bourgogne-Franche-Comté semble même avoir mieux résisté que l’ensemble des régions : – 17,6 % en Bourgogne-Franche-Comté contre – 11,8 % sur le territoire national. C’est un niveau deux fois inférieur à celui d’avant crise.

Les défaillances reculent dans l’ensemble des départements,
à l’exception du Doubs

Moins de 50 procédures collectives ont été ouvertes dans le Territoire de Belfort. Le département affiche la plus forte baisse de la région (-46 %). L’Yonne arrive sur la deuxième marche du podium avec un recul de 40 % (122) des défauts devant le Jura (-35 %) qui compte seulement 84 défaillances. Peu de procédures ont été ouvertes en 2021 en Haute-Saône (-19%) et dans la Nièvre (-13 %) : respectivement 60 et 71. La Saône et Loire (-9 %) et la Côte d‘Or (-7 %) comptent quant à elles chacune un peu plus de 200 défauts d’entreprises et représentent ensemble quatre défaillances régionales sur dix.

Enfin, dans le Doubs, le nombre de cessations de paiement avait reculé de 47 % en 2020. En 2021, le département bascule dans le rouge (+11 %), avec 198 procédures. Une augmentation, loin bien loin des 337 défaillances recensées en 2019.

Les aides de l’État, le report des cotisations sociales et la reprise de l’activité économique ont permis de sauver une majorité d’entreprises y compris certaines qui étaient dans le rouge avant la crise sanitaire. « On aurait pu croire que cette crise sanitaire allait être désastreuse comme l’avait été la crise économique il y a 10 ans. En 2012 – 2013 nous étions à 2500 défauts dans la Région contre moins de 1000 cette année. Dans le Doubs, c’était 480 défaillances contre 198 en 2021. Mais il est à craindre que nous retrouvions les chiffres d’avant crise dès 2023, si nous sortons de cette pandémie. », explique Thierry Millon, directeur des études Altares.

Un risque de défaillances provisoirement neutralisé

Le débranchement progressif des aides, les difficultés d’approvisionnement en matières premières et l’envolée des prix menacent de fragiliser les trésoreries des entreprises. « L’État compte aussi surtout sur le retour de la consommation des Français. Or, elle n’est pas aussi forte que prévue. Les gens et c’est bien normal veulent d’abord payer l’essence pour aller au travail et se chauffer correctement pour l’hiver. L’explosion des prix fait que leur pouvoir d’achat est moindre. », analyse Thierry Millon.

Pour autant une explosion de défaillances d’entreprises n’est pas à prévoir pour les premiers trimestres de 2022. Ou du moins, rien jusqu’en avril, après les élections présidentielles estime Thierry Millon. « Sur le T4 (trimestre 4) de l’année 2021 on a vu un remontée des défaillances. Le Gouvernement a réagi rapidement et réactivé, ou renforcé, certains dispositifs mis en place dans les premiers mois de la crise sanitaire tels que l’élargissement des aides coûts fixes, la prolongation du fonds de solidarité, l’étalement du remboursement des PGE jusqu’à 10 ans (contre 6), le report à fin 2022 du remboursement prévu au printemps prochain ou bien encore l’activité partielle. Ce nouvel effort d’accompagnement devrait permettre de passer le cap de la vague Omicron et, par conséquent, limiter les dépôts de bilan dans les prochains mois. Janvier 2022 le montre déjà puisqu’aucune défaillance dans la région n’a été enregistrée. »

Mais le risque n’a pas pour autant disparu. Il est provisoirement neutralisé. Par ailleurs, la dynamique de créations d’entreprises est en ce moment très forte, proche d’un million. Dans ce contexte, le risque de défaillances de très petites entreprises reste élevé pour les années à venir.  « Nous devons raisonnablement envisager une remontée des défauts à partir de 2022. La baisse des faillites, c’est fini. Le problème d’une défaillance c’est qu’elle arrive souvent trop tard car les patrons ont peur des moyens proposés. Déclarer des difficultés très tôt permet de trouver des solutions rapides et s’en sortir plus facilement pour éviter la fermeture. Parallèlement, l’augmentation de défaillances prévues pourrait aussi permettre à d’autres d’avoir moins de concurrence et de se relever également plus vite. » poursuit Thierry Millon.

Au total, 4773 PGE ont été accordés dans le Doubs pour un montant de 571 millions d’euros. Plus du quart concernent le secteur automobiles. 20% de ces prêts ont été accordés à des hôtels ou restaurants. Enfin troisième secteur ayant le plus bénéficié de ces PGE : la construction.

Martin SAUSSARD