Haut-Doubs. Patrick Genre : « Nous devons économiser pour pérenniser l’investissement »

Maire de Pontarlier, président de la CCGP, Patrick Genre a présenté ses vœux vendredi 6 janvier. L’occasion de revenir sur une année 2022 jonchée d’imprévus et de présenter l’année 2023. Entre objectifs et contraintes budgétaires, l’élu a répondu à nos questions. Entretien.

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En quelques mots, quel regard portez-vous sur 2022 ?

Ce fut une année de rupture liée à deux événements majeurs. La reprise post-Covid et immédiatement la guerre en Ukraine. Nous subissons aujourd’hui les conséquences, qui resteront encore quelques années mais nous ne sommes pour autant pas restés inactifs. Beaucoup de réflexions sur l’avenir de notre territoire ont abouti. Que ce soit par le SCOT (Ndlr : Schéma de cohérence territorial, le PLUiH (Plan local d’urbanisme intercommunal et habitat), nous travaillons déjà sur l’avenir de notre territoire pour les 20 prochaines années. Économiquement, la troisième tranche de la zone des Gravilliers est une réussite. 2022 c’est aussi du développement durable avec les modes doux, le réseau de chaleur connecté à cinq grands bâtiments publics de Pontarlier. Le tout dans un contexte qui s’est tendu avec une inflation jouant le rôle de passerelle vers 2023.

Concernant la Ville de Pontarlier comme la CCGP, tous budgets confondus, nous avons investi près de 18M d’€ en 2022.

Quel est l’impact prévu ou à prévoir ? 

Pour les collectivités c’est une inflation à près de 9%, une augmentation de 20 à 30% du coût des marchés, une explosion des coûts énergétiques avec une facture d’électricité qui va tripler selon le SYDED et l’augmentation du prix du gaz d’1,5%.

Comment planifier un budget avec de telles prévisions ?

Nous reprenons toutes les lignes budgétaires au centime près ou presque, pour savoir si nous maintenons certaines opérations. Pour la Ville, le coût de l’inflation et l’augmentation de l’énergie est estimé entre 2,5M d’€ et 3M d’€.

Nous allons très prochainement connaître le montant de l’aide attribuée par l’État. On devrait normalement bénéficier de « l’amortisseur électricité » (Ndlr : par exemple, une collectivité́ qui contractualise à un prix de l’électricité́ total de 500 €/MWh peut obtenir d’une baisse de sa facture de l’ordre de 100 €/MWh tous frais compris, soit 20 % d’économie.) et peut-être du « filet » (Ndlr : la dotation est égale à 50 % de la différence entre, d’une part, la hausse des dépenses d’énergie et, d’autre part, 60 % de la hausse des recettes réelles de fonctionnement).

Des économies pour maintenir des projets en 2023…

Notre investissement devrait baisser de 20 à 30% entre ces deux années, nous aurons toujours près de 15 millions d’€ pour réaliser des projets, notamment pour économiser de l’énergie et de l’argent, je pense au développement du réseau de chaleur et le renouvellement de l’éclairage public. Quelques nouveaux projets seront lancés, d’autres seront abandonnés pour les années à venir.

Votre réponse fait écho au futur centre aquatique. Avec la situation actuelle et la durée du projet avez-vous pensé à sonder à nouveau la population ?

C’est un projet dont on parle depuis dix ans et que tout le monde veut. On ne va pas faire n’importe quoi, il faut attendre l’estimation réelle par le cabinet retenu (Ndlr : 30 janvier, date de la fin du dépôt des offres). S’il y a un dépassement raisonnable des coûts nous continuerons, si la facture explose, on se posera la question à ce moment. On parle d’un investissement d’environ 25 millions d’euros sur plusieurs années.

Vous étiez récemment à Besançon où les élus des grandes communes de Franche-Comté étaient réunis autour de l’avenir ferroviaire sur le territoire. Quels sont les enjeux à moyen et long terme sur le Haut-Doubs ?

Les mobilités font partie des trois principaux enjeux de l’avenir du Haut-Doubs. Le maintien du fonctionnement des lignes transfrontalière, notamment celle entre Frasne et Neuchatêl, pour l’instant c’est acquis. Dans quelques années – 2 à 3 ans – des investissements de plusieurs dizaines de millions d’euros seront à réaliser entre Pontarlier et le Val de Travers. Si l’État Français et la Confédération Helvétique n’arrivent pas à s’entendre sur ce dossier, la Région où les communes ne pourront pas assurer seules.

Propos recueillis par M.S