L’économie mondiale dans un environnement instable
En 2022, la croissance du PIB (Produit Intérieur Brut) a progressé à l’exception de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie directement liée à l’invasion russe en Ukraine. Tous les autres pays du monde ont profité de la relance à la sortie de la crise sanitaire.
Dans la zone Euro, le PIB a progressé de 3,4% en 2022 après une pointe à 5,3% en 2021. Il faut toutefois rappeler la contraction de 6,5% en 2020.
La France continue de pâtir de la faiblesse de ses exportations nettes en recul de 0,5%. Si l’investissement public en lien avec le plan de relance a rebondi de 4,9%, l’investissement des ménages est resté stable (+1,1%) après une année de forte croissance en 2021 (+17%). C’est toujours la consommation des ménages qui « garantit » la croissance française ; une garantie aléatoire qui n’est pas consolidée par les exportations et l’investissement.
Le rythme de croissance de la production industrielle dans le monde s’est ralentie, revenant à peine au-delà des chiffres enregistrés en 2019.
Si les prix des matières premières et de l’énergie restent élevés, les analystes notent un reflux en fin d’année 2022. De son côté, l’inflation mondiale reste uniformément forte.
En Bourgogne Franche-Comté, une demande résiliente et des contraintes d’offre fortes
Dans l’industrie et le bâtiment, les carnets de commandes restent bien orientés, avec un repli plus marqué dans l’industrie.
Les difficultés d’approvisionnement constatées par les chefs d’entreprise en 2022 commencent à s’estomper. 64% des entreprises industrielles de la région enregistraient de fortes difficultés d’approvisionnement en avril 2022, elles n’étaient plus que 40% en décembre dernier. L’amélioration est également constatée dans le secteur du bâtiment.
Les inconnus sur la situation géopolitique (guerre en Ukraine) rendent les entrepreneurs plus craintifs sur l’impact des coûts énergétiques dans leur activité. 32% des entreprises craignent des conséquences négatives dans les trois prochains mois.
Le recrutement demeure une problématique majeure pour les entreprises. En décembre, 53% des entreprises indiquent avoir des difficultés de recrutement tous secteurs confondus. Il était de 52% en janvier 2022.
Des salaires en progression de 5% en 2022
En glissement annuel, le salaire mensuel de base a progressé de 3,7% pendant que le SMIC a augmenté de 5,6%. Le salaire moyen net de l’inflation est en recul de 1,3% en 2022. Les projections de la Banque de France sur les trois prochaines années indiquent une progression du pouvoir d’achat des salaires de 0,6% en 2023, 2% en 2024 et 1,4% en 2025.
Le taux d’inflation prend en compte (on l’oublie parfois trop vite) l’augmentation des bases d’imposition (+ 7% des bases locatives pour 2023) et donc un impact négatif sur les ménages et les entreprises !
En Bourgogne Franche-Comté, l’activité résiste… !
C’est particulièrement vrai dans les services marchands, beaucoup moins dans l’industrie et le bâtiment. L’augmentation des coûts de production en est une des raisons. Ces coûts ont augmenté de 15,5% dans l’industrie manufacturière, de près de 10% dans les Travaux Publics et de 7% dans le bâtiment.
Les effectifs progressent de 1,4% dans l’industrie. Le nombre d’emplois diminue de 2,1% dans le secteur du « matériel de transport » et progresse de 2,6% dans l’industrie agro-alimentaire.
Le danger de la filière automobile
Comme l’indique le graphique, c’est bien l’industrie automobile qui est en grand danger dans la région. L’activité historique a connu en 2022 une baisse de 15,5% de son chiffre d’affaires et une contraction de 2,9% de ses effectifs. Les entreprises de la filière automobile qui représentent surtout les sous-traitants des constructeurs ont fortement investi en 2022 (+11,4%) pour trouver de nouveaux marchés.
Le chiffre d’affaires du secteur « Services aux entreprises » a progressé de 8% en 2022 dans la région avec une forte progression de l’activité « transport, entreposage et logistique » à 11,7%.
La région a profité de son attractivité touristique. Le chiffre d’affaire régional a augmenté de 44% (mais la comparaison par rapport à 2021 n’est pas pertinente compte tenu des restrictions sanitaires). C’est toutefois une bonne nouvelle d’autant que les effectifs de la filière ont évolué de plus de 7%.
Dans la construction, alors que le CA attendu en 2022 était de +0,6%, la production totale a progressé de 5,6% mais avec des coûts de production en forte hausse dans le bâtiment et les Travaux Publics.
En 2022, la Bourgogne Franche-Comté, malgré son image de « première région industrielle de France » a peu évolué en comparaison avec les autres régions métropolitaines. L’histoire mais également les compétences, l’excellence des formations et le dynamisme des entreprises industrielles devraient conduire à sa réindustrialisation. Les éléments fournis par la Banque de France démontrent que les atouts ne manquent pas…sinon les volontés politiques !