Aurélie Nahon et son équipe travaillent déjà sur la liste des musiques programmées au concert de Claudio Capéo, samedi 29 juillet à Métabief. Apprendre et traduire des textes en langue des signes demande du temps, de la minutie. « Pour 1h15 de concert c’est entre 200 et 300 heures de travail pour tout connaître par cœur et rejouer le jour J sur scène ! », confie l’intéressée.
Si le Chansigne est encore nouveau dans le monde de la musique et des festivals, l’association 10 Doigts en Cavale a déjà un agenda bien chargé pour l’été avec en point d’orgue les Vieilles Charrues pour le concert de Soprano. « On a déjà traduit des concerts d’Orelsan, de Cali ou Juliette Armanet mais ça fait partie des gros noms. On a commencé les festivals il y a trois ans avec le Printemps de Bourges avec qui on travaille toujours. Aujourd’hui, beaucoup d’associations de personnes malentendantes se déplacent et notre notoriété évolue, on casse cette barrière du handicap car la musique se ressent et se comprend de beaucoup d’autres façons. », analyse Aurélie Nahon, co-fondatrice des 10 Doigts en Cavale qui compte aujourd’hui 11 interprètes répartis sur toutes la France. Tous sont diplômés et professionnels depuis plusieurs années. La semaine, ce sont des retranscriptions plus classiques qui rythment leur journée : rendez-vous médicaux, à la banque, audience au tribunal… Les interprètes deviennent le 5e sens des personnes touchées par le handicap. C’est une passion commune pour la musique et l’envie de partager cette émotion en concert qui a donné envie à Aurélie Nahon de rejoindre Perrine Diot dans son aventure et créer cette association.
Chansigner un concert
La Paille est l’un des premiers festivals de la Région a proposé cette innovation. « Toujours dans une démarche d’ouvrir le rendez-vous à un maximum de monde. Ressentir une « ambiance festival » ce n’est pas uniquement écouter de la musique à l’oreille, c’est beaucoup d’autres choses. », ajoute Emma Broch, chargée de mission qui pilote ce projet. Trois interprètes s’échangeront tour à tour le place sur scène, samedi 24 juin pour le concert. « On change à chaque morceau car c’est vraiment intense. Il faut suivre le rythme de la musique, être dans la même ambiance si c’est festif par exemple, on bouge beaucoup plus le corps, c’est presque une chorégraphie à part ! », poursuit Aurélie Nahon. La pratique porte un nom : le Chansigne.
Une douzaine de gilets connectés
Le trio sera collé à la Grande Scène sur le côté et les personnes malentendantes auront un espace dédié au plus près des interprètes pour vivre avec eux pleinement le concert. À cela s’ajoute une autre touche technique qui fait la différence : une douzaine de gilets vibreurs directement connectés à la régie derrière la scène, seront à disposition. « On ressent les vibrations des basses et des différents instruments dans tout le corps c’est assez impressionnant ! », poursuit Emma Broch qui a pu tester l’outil. Cette mission proposée par 10 doigts en cavale est intense mais offre aussi son lot de privilèges. La préparation de la scène se fait au plus près des artistes qui au moment du show prennent aussi plaisir à saluer et encourager l’initiative. Certains ont noué un partenariat régulier avec les interprètes et l’association pourrait encore grandir. Le festival de la Paille a déjà fait de cette nouveauté un rendez-vous permanent pour les futures éditions. Avec peut-être plusieurs concerts chansignés dès l’an prochain ?
M.S