La reconnaissance du musée Courbet par le musée du Louvre
La maison-musée national Eugène Delacroix fait partie de l’Établissement public du musée du Louvre. Fermé pour travaux jusqu’au mois de mars 2024, le musée Delacroix a choisi Ornans pour accueillir une grande sélections de ses collections. Ce partenariat exceptionnel entre les deux « maisons-musées » fournit un nouvel éclairage national au pôle Courbet.
Des mariages audacieux
Benjamin Foudral, le directeur-conservateur du Pôle Courbet a l’habitude de surprendre avec ses expositions temporaires. Une réussite en 2021 avec « Révolutions » organisée en partenariat avec le Musée d’Orsay et l’Orangerie et le soutien du Musée national Picasso de Paris. Picasso attribuait à Gustave Courbet la paternité de l’art moderne. En 2023, l’exposition sur « l’Âge d’Or » a permis de découvrir à Ornans des œuvres de Brueghel ou de Signac sur les temps de l’abondance, de l’innocence et de la paix.
Benjamin Foudral récidive grâce à cette sublime exposition co-organisée avec Claire Bessède, Directrice du musée national Eugène Delacroix.
Dialogue inédit entre deux artistes majeurs du XIXe siècle
On découvre à Ornans un « Delacroix privé », parfois loin de l’image académique et bourgeoise du maitre du romantisme.
Courbet, de 20 ans son cadet, estime Delacroix comme un modèle au début de sa carrière. Ils vont avoir une relation à distance faite de dédain respectif. Delacroix ne comprend pas Courbet mais il demeure un critique intéressé du jeune peintre révolutionnaire comme il l’exprime dans son journal.
Celui qui avait une stature d’autorité (Delacroix) et le peintre d’Ornans à l’égo démesuré (Courbet) vont donc cohabiter pendant quatre mois sur les cimaises du musée Courbet.
En 1853, Eugène Delacroix membre du jury du Salon de Paris, consigne dans son journal ses impressions sur « Les Baigneuses » de Courbet, « regrettant la vulgarité et l’inutilité de la pensée ». Elles renvoient à l’irrévérence de Courbet, tout juste arrivé à Paris, devant « Les massacres de Scio » de Delacroix : « J’en ferais bientôt autant si je voulais » !
« Je ne pouvais m’arracher de cette vue »
Le 3 août 1855, Eugène Delacroix visite pendant près d’une heure les œuvres de Courbet refusées à l’exposition universelle. Le Maître d’Ornans a construit en face son pavillon du réalisme. Il y expose de grandes toiles dont « L’Atelier » que Delacroix va qualifier de chef d’œuvre « je ne pouvais pas m’arracher de cette vue ».
Avec cette nouvelle exposition temporaire, le musée Courbet à Ornans s’installe définitivement dans la cour des grands musées français. Cette réussite est aussi le fruit d’une volonté politique de Christine Bouquin, Présidente du Conseil départemental du Doubs, propriétaire du Pôle Courbet (le musée, l’atelier de l’artiste et la ferme familiale de Flagey).